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France: La survie d'Ayoub égarée dans le labyrinthe administratif

Le jeune garçon, leucémique, vit à Bègles. A Casablanca, sa soeur, seule compatible pour une greffe, attend un visa depuis trois mois.

ayoub a 11 ans, et sa vie est suspendue à une décision administrative. Chaque jour qui passe, les chances de ne pas mourir de ce petit garçon marocain, qui vit à Bègles (Gironde), s'amenuisent. Il est atteint, selon le rapport du Dr Chouffai, du centre d'oncologie pédiatrique et d'hématologie de Casablanca (Maroc) de leucémie aiguë myéloblastique biclonale. «Compte tenu de l'anomalie cytogénique majeure observée sur la moelle (...), il est impératif de réaliser (...) une intensification thérapeutique suivie d'une greffe de moelle allogénique à partir de sa soeur, Ghizlane, qui est compatible», écrivait le médecin le 10 mai.

Solidarité. Aucun hôpital au Maroc ne pouvant réaliser une telle opération, les parents d'Ayoub Bourhabi l'ont envoyé chez son autre soeur, à Bègles. Il y est arrivé en juillet, après avoir transité par Madrid, l'Espagne lui ayant accordé un visa sanitaire. Restaient alors deux écueils. D'abord, le coût : l'opération et les soins reviennent à 84 000 euros. Un mouvement de solidarité s'est mis en place.

«Nous avons créé une association, Sauver Ayoub, et nous avons commencé à réunir des fonds, environ 3 000 euros», assure Thibaut Daelf, beau-frère d'Ayoub. Le 2 juillet, Pierre Landette, avocat bordelais, envoie un premier courrier au cabinet du ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy, lui demandant d'intervenir pour que l'opération soit prise en charge au titre de l'aide humanitaire. S'il n'a pas reçu de confirmation écrite, il assure que le dossier, de ce point de vue, est en bonne voie. «Même si la CPAM accepte de prendre tout ou partie des frais, les fonds récoltés serviront à d'autres enfants», assure l'oncle.

Mais, le second obstacle, qui paraissait le plus anodin, se révèle un écueil démesuré. Ghyzlane, 22 ans, soeur d'Ayoub, est la seule donneuse de moelle épinière compatible. Elle vient de terminer des études d'informaticienne. Depuis trois mois, à Casablanca, elle se démène pour obtenir un visa. En vain. «Le consulat a multiplié les difficultés alors que la maladie continue d'évoluer, c'est intolérable», enrage Me Pierre Landette. Il a repris sa plume pour écrire au ministre de la Santé afin qu'il intervienne auprès du consulat. De son côté, le député-maire de Bègles, Noël Mamère, a effectué la même démarche. «Nous n'avons, l'un comme l'autre, reçu aucune réponse pour l'heure», assurait hier l'avocat, qui a envoyé trois missives au ministre.

Explosion de joie. A Casablanca, Ghyzlane brûle d'impatience. «On a longtemps cru que nous ne trouverions pas de donneur, nous a confié la jeune femme. Quand j'ai appris que j'étais compatible, mon coeur a explosé de joie. Maintenant, il n'y a plus qu'une chose qui compte pour moi : je veux sauver la vie de mon petit frère !»

Hier, le cabinet de Philippe Douste-Blazy et le consulat de France à Casablanca ont téléphoné à la famille Bourhabi pour lui assurer que l'obtention du visa était acquise. «J'y croirai quand j'aurai un document écrit, assurait l'avocat bordelais. Mais tout de même, tant de temps et de démarches alors que la vie d'un petit garçon est en jeu, je trouve que c'est bien peu humanitaire.»

Marc PIVOIS
Source : liberation.fr

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