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Senteurs et ambiance marocaines au Baazar de Beverwijk

Dans un village non loin d'Amsterdam, nos ressortissants font leurs dernières courses avant les vacances.

Le Baazar de Beverwijk qui se trouve dans un village à 20 kilomètres d'Amsterdam, est pris d'assaut par la communauté marocaine qui vient de toute l'Europe pour acheter différents produits en guise de cadeaux à la famille, avant le départ en vacances pour le Maroc.

Devenu un pôle commercial très célèbre, le Baazar de Beverwijk qui ouvre seulement les week ends, plait à des milliers de gens car il s'y vend des produits venus de destinations diverses à des prix raisonnables et l'ambiance, les parfums, les sons et les décors qui reproduisent fidèlement les conditions de n'importe quel Kisssariat au pays, adoucissent véritablement leur nostalgie.

C'était dimanche et l'horloge indiquait 9 heures 30 minutes. Ce jour là, la météo a promis aux habitants d'Amsterdam que le temps serait ensoleillé. Cette nouvelle était importante, car elle ne s'est pas contentée de les réjouir, mais elle les a tellement stimulés que la journée s'est annoncé d'ores et déjà agréable.

A Amsterdam, les options pour passer un bon dimanche ne manquent pas : partir à la plage, écouter de la musique dans le cadre du festival d'Amsterdam qui a connu, cette année, la participation du roi du Rai, Cheb Khaled ou assouvir sa curiosité en découvrant le célèbre Baazar de Beverwijk.

Ce grand marché est très célèbre en l'occurrence auprès de la communauté marocaine dans toute l'Europe. La plupart des foyers d'origine marocaine qu'ils soient en Allemagne ou en Belgique sans oublier ceux des Pays-Bas viennent dans ce grand marché pour acheter leurs provisions avant de voyager vers le Maroc. «Vous savez nos contraintes familiales et sociales.

Il m'est impensable de partir au Maroc sans ramener un cadeau à chaque membre de la famille. Chaque année en juin, je débourse une fortune, et le seul moyen pour m'en sortir et de venir de Rotterdam au Baazar de Beverwijk. Celui-ci me permet de trouver le genre de cadeaux qui conviennent à ma famille à des prix raisonnables», explique Haj Said B, 66ans.

Pour un dimanche, le parking affichant complet à cette heure matinale indique, d'ores et déjà que le Baazar de Beverwijkse, serait excessivement encombré dans l'après-midi. Les centaines de visiteurs, dont la plupart sont originaires du Maroc, sont venus en famille à ce fameux marché. A l ‘entrée, deux portes principales. La première est payante, et la seconde est non payante.

La raison logique derrière cette distinction est que le premier marché occupé principalement par des commerçants marocains a choisi d'accueillir ses clients gratuitement. Pour le second marché, connu pour être le marché néerlandais, il faudrait payer 2 euros pour accéder aux multiples services de ce lieu qui a la réputation d'être plus organisé que le marché voisin.

Traversant la porte principale du marché marocain, le visiteur en l'occurrence d'origine maghrébine est subitement immergé dans un climat qui lui rappelle fidèlement les odeurs du pays.

Une dizaine de magasins de marchands d'olives vendant des produits directement importés du Maroc, toutes sortes d'olives, de fruits secs, des épices et des tagines se succèdent renvoyant des images authentiques du Maroc. «Donnez moi 2 kilos d'olives vertes et 1 kilo de citrons confits», lance une dame au marchand en arabe. Une autre ruelle de ce gigantesque marché est truffée de vendeurs de théières et de plateaux en argent qui nous rappellent les grandes Kissariats de Casablanca ou de Fès.

«Je vends mes articles d'argenterie surtout à mes clients marocains depuis dix ans, et de temps à autre je reçois également des néerlandais qui ont voyagé au Maroc et qui ont oublié d'acheter une théière en argent», a expliqué Hassan Darrazi, 42 ans.

Le quartier le plus fréquenté est celui des marchants de légumes et des fruits qui ne laisserait pas le visiteur de glace, le frappant par les innombrables similitudes organisationnelles au niveau de la procédure d'achat et de vente que l'on retrouve au pays. Ceci nous incite à poser la question : est-ce que c'est la nostalgie qui pousse les marchands et les clients originaires du Maroc à reproduire les mêmes conditions d'un marché au Maroc ou est-ce pure coïncidence?

«Je travaille avec mon père depuis 15 ans dans le Baazar de Beverwijk. Nous vendons les légumes et les fruits que la communauté marocaine aime. Celle-ci achète en grandes quantités comme si elle était au Maroc beaucoup plus que la communauté turque qui fréquente également ce souk.

Quant aux néerlandais, on y compte pas beaucoup car ils achètent par pièce», a souligné Najib, 26 ans, né aux Pays-Bas et qui est considéré comme un exemple auprès des jeunes de la communauté marocaine car il est obéissent et respectueux envers ses parents.
L'autre porte, celle qui s'ouvre sur le marché organisé, offre des services plus agréables.

Un groupe musical assure une animation en continu, des restaurants et des grands halls où toutes sortes d'habillement sont vendues, provenant de destinations diverses, Turquie, Chine, Italie, etc.

Ce marché réputé être organisé est sincèrement plus structuré et propre. Il est vraiment rare d'y trouver un bout de papier quelque part, et la manière avec laquelle sont alignés les magasins montre bien que l'anarchie n'a aucune place dans ce lieu.

Toutefois, ce n'est pas parce qu'il a été lancé par les néerlandais que la présence des autres communautés est non tolérée. Au contraire, la plupart de ses commerces sont tenus essentiellement par la communauté surinamienne et turque.

Par ailleurs, le seul bémol du Baazar de Beverwijk est qu'il ne jouit pas d'une réputation plaisante, et la plupart des néerlandais estiment que c'est un marché douteux, vendant en l'occurrence des articles volés.

«Cela fait cinq ans que je suis partie dans ce marché. Pour nous, les néerlandais, on l'appelle le marché noir car la plupart des objets vendus dans cet endroit sont volés», explique Dolorès, juriste dans une grande firme de textile à Amsterdam.

Les commerçants du Baazar contestent cette allégation et Mohamed Jabari, 65 ans, au nom de tous le autres commerçants, il a dit : «cela fait 20 ans que j'importe des articles en cuir du Maroc, et tous les marocains ici sont des gens irréprochables, sauf quelques exceptions. Et cette exception n'est pas uniquement composée de marocains, mais également des autres communautés».

Le plus grand souk d'Europe
Le Baazar de Beverwijk a ouvert ses portes le 13 septembre 1980. Sa notoriété est due essentiellement à la diversité de ses articles venus des quatre coins du monde à des prix très raisonnables.

Très vite il a été adopté par le public néerlandais, et les touristes doivent absolument visiter le Baazar de Beverwijk avant de quitter les Pays-Bas. Visité par des milliers de visiteurs, le Baazar de Beverwijk est devenu petit à petit, l'un des plus grands marchés de toute l'Europe.

Toutefois, le gouvernement local était perplexe quant à son avenir, car il y avait des rumeurs que le Baazar de Beverwijk y vendait des articles volés.

Ouvert seulement durant le week-ends, la plupart des commerçants exercent d'autres métiers durant la semaine pour se convertir en vendeurs de fruits ou de légumes pendant les samedis et dimanches. Aujourd'hui, le Baazar de Beverwijk jouit d'une meilleure réputation, et l'on commence à oublier son passé douteux en tant que marché noir.

Zineb El Ouardighi
Source : Le Matin

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