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L'immigration parisienne ancrée dans l'histoire coloniale

L'immigration parisienne ancrée dans l'histoire coloniale
France 3/ Paris, colonies-sur-Seine
«Paris couleurs», France3, 23h40

«Le noir danse plus qu'il ne travaille, l'Asiatique est mystérieux, travailleur, l'Arabe est fanatique...» Les clichés ont la vie dure! Une raison suffisante pour l'historien Pascal Blanchard – réalisateur de ce documentaire original avec Eric Deroo– de s'en prendre aux stéréotypes hérités du passé colonial pour retracer un siècle d'immigration à Paris. Car, Paris, ville de la liberté, fut aussi capitale de cet Empire colonial.

Algériens, Indochinois, Antillais, Africains... Ils sont un jour venus à Paris, pour trouver un travail, donner leur vie pour la patrie en danger ou la faire renaître de ses ruines. Enfants, petits-enfants de ces migrants des anciennes colonies ou des Dom-Tom, ils sont aujourd'hui 9 millions en France à se réclamer d'une mémoire... Et toujours enfermés dans les lieux communs racistes ou paternalistes.

On a tous en tête l'image du tirailleur Sénagalais de Banania, le discret serviteur Indochinois ou la danseuse nègre exotique. Mais, se souvient-on que ces «peuples d'ailleurs» ont versé leur sang dans les tranchées, qu'ils furent nombreux à entrer dans la Résistance et qu'au cœur de Paris, le métro fut creusé par une main-d'œuvre Kabyle?
Pour mieux souligner l'origine de cette vision réductrice de l'Africain, du Maghrébin ou de l'Asiatique, perpétuée dès la fin du XIXe siècle par le cinéma, les médias, l'historien a entièrement construit son film à partir d'archives filmées, pour la plupart, inédites.

On s'aventure donc dans un voyage à rebours, d'autant plus captivant et émouvant que la voix off des commentaires est celle, chaleureuse et charismatique d'André Dussolier: des premiers noirs des «zoos humains» en 1896, aux Expositions universelles de 1900 et 1937 qui remettent en situation les «indigènes» pour mieux les exhiber, en passant par Joséphine Baker et les Revues nègres; les deux guerres mondiales; les rapatriés d'Indochine ou le mythe Black, Blanc, Beur; ce patchwork d'images vogue de clichés en clichés sur les vagues successives de ces Franciliens des colonies qui débarquent sous le regard «condescendant» de la «France civilisée». L'autre étant toléré subalterne, pour une co-existence où se mêlent curiosité, fantasmes et peurs.

Loin de vouloir faire de ces migrants, des victimes ou de fustiger la République et ses ambiguïtés, ce film a bien cerné l'évolution des mentalités. L'idéologie dominante étant à ce jour celle de l'acceptation de la différence, de ces trois générations s'est facettée cette mosaïque multiculturelle, qu'est le Paris d'aujourd'hui.

«Paris couleurs», France3, 23h40

Source: Le Figaro

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