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Le père du jeune touriste français assassiné au Maroc attend la vérité

Depuis l'assassinat de son fils Benjamin, 17 ans, lors d'une visite culturelle dans les ruelles de la médina de Fès (Maroc) il y a 4 mois, Eric Vanseveren, de Montauban (sud-ouest), cherche une explication, demandant à la justice marocaine de faire "la vérité" et d'explorer "toutes les pistes".

Pour la troisième fois depuis le drame du 17 février, ce cadre bancaire de 47 ans sera vendredi à Fès, accompagné de Me Jean-Lou Lévi, bâtonnier de Montauban, pour la 5ème audience de procédure organisée dans l'affaire. Une confrontation générale qu'il espère "décisive".

"Je me retourne, je vois l'homme porter son poing sur le coeur de mon fils. Je pense qu'il lui arrache un sac...Benjamin n'avait pas de sac". La voix calme, vacillant parfois d'émotion, Eric Vanseveren raconte sans oublier aucun détail et tente de comprendre pourquoi, lors d'une promenade touristique, un homme a poignardé à mort Benjamin et grièvement blessé sa femme Monique, 47 ans.

Si l'agresseur, Abdellilah Al Meziane, un Fassi de 29 ans actuellement détenu et qui encourt la peine de mort, a été immédiatement interpellé et a reconnu les faits, Eric Vanseveren redoute que le mobile réel du crime reste finalement dans l'ombre.

"Nous ne savons toujours pas ce qui s'est passé. On a le choix entre plusieurs pistes, le délinquant accro à la drogue, l'acte isolé de quelqu'un qui a perdu ses repères momentanément ou un acte motivé par une foi subite et soudaine pour l'islam à la suite de quelques mauvaises rencontres", explique Me Lévi.

"L'histoire évoquée dans un premier temps est celle d'un personnage drogué, asocial, desaxé, qui n'est pas du tout maître de ses actes, mais l'instruction laisse apparaître qu'il peut exister d'autres pistes (...), Eric l'a entendu crier Allah akbar, l'homme était en habit de prière", poursuit Jean-Lou Lévi.

"Nous avons l'impression que le juge d'instruction fait correctement son travail", reconnaît volontiers Me Lévi, tout en se demandant "si l'on pourra aller jusqu'au bout".

"On peut craindre que si la piste islamiste se dégage, il y ait blocage (...) très clairement, ce n'est pas bon pour l'image du tourisme", ajoute-t-il.

Une piste pour laquelle Eric Vanseveren penche de plus en plus. Et puis, se souvient-il, "les coups ont été portés avec une précision chirurgicale, à plat, rapidement. Pour faire cela, il fallait être parfaitement conscient".

Faute de pouvoir évoquer les détails des différentes pistes -secret de l'instruction oblige-, il se raccroche à ce qu'il a vu.

"Tout était normal. En file indienne, on a débouché sur une placette. Mon épouse fermait la marche, un homme arrive derrière, lui donne un coup de couteau au rein. Il passe devant ma belle-soeur et Maxime, mon fils de 9 ans, et donne un violent coup de couteau dans le dos de Benjamin puis passe devant lui", explique-t-il. "Il crie Allah akbar, je ne vois pas le couteau mais on me l'a montré après, un poignard au manche sculpté, avec une lame de plus de 25 cm".

"Je l'ai attrapé, tenu à terre puis lâché, le guide l'a poursuivi. Mon gamin m'appelait, je ne comprenais toujours pas. Je soulève son T-shirt, il avait une plaie béante au coeur", poursuit Eric Vanseveren. "Il est mort en deux minutes".

"Il veut connaître la vérité. Si c'est un crime de désaxé, il est capable de le comprendre, à condition qu'on lui démontre que ce n'est pas autre chose. Eric ne cherche pas un complot terroriste", explique Me Lévi.

Source : AFP

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