Menu

AMESIP et calmonie dans la presse : Tempête sous un chapiteau marocain

La présidente de l'École de cirque de Sidi Moussa calomniée par presse interposée.

L'emploi du conditionnel n'adoucit en rien la portée d'allégations qui jettent la suspicion sur des responsables associatifs. Un démenti, fût-il accompagné des plus plates - ou des « plus sincères » - excuses, n'efface pas le mal causé par la calomnie. Enfin, l'adage selon lequel « il n'y a pas de fumée sans feu » peut être retourné contre ceux qui propagent, même « en toute bonne foi », des informations fausses.

La leçon a été donnée dans un lieu magique, sur la piste du cirque installé dans l'enceinte ocre d'une casbah en ruines, aux confins de l'ancienne ville corsaire de Salé. Face aux gradins, une jeune femme très en colère : Touria Bouabid, la présidente de l'Association marocaine d'aide aux enfants en situation précaire (Amesip, voir J.A.I. n° 2278), qui n'a pas vraiment apprécié de se voir reprocher d'avoir détourné « plus de 10 millions de dirhams » et d'être, de ce fait, « activement recherchée par la police de Rabat ». Cerise sur le gâteau : suivant, en cela aussi, le journal arabophone El-Ahdat el-Maghrebia, l'hebdomadaire Tel Quel, dans son numéro paru le 7 mai, avait battu le rappel des liens politiques et familiaux de cette militante de la réhabilitation sociale. Pour faire savoir, sans doute, qu'elle n'était pas du même monde que les jeunes laissés pour compte qu'elle s'efforce, avec des dizaines d'animateurs et de formateurs, souvent bénévoles, de rescolariser après des délits ou des fugues, de désintoxiquer (dans le centre d'Aïn Atiq), de resocialiser ou, tout simplement, de faire chanter et de faire rire.

Quand, une semaine plus tard, le directeur de la rédaction de Tel Quel vire de bord, les partenaires de Touria sont tous là, qui se serrent les coudes sous le chapiteau autour de la présidente pour laver leur association des effets pervers de la calomnie : l'Académie Fratellini, des représentants du Bureau international du travail (BIT), des ambassades étrangères partenaires des programmes de l'Amesip et des administrations marocaines concernées ont levé, s'il en était besoin, les derniers doutes sur « la qualité morale du projet, l'efficacité de son action et la tenue exemplaire de ses centres ».

Reste que « l'information » reprise par Tel Quel ne l'a pas été sans que l'hebdomadaire ait préalablement recoupé ses sources. La presse a donc bien été, au même titre que cette organisation humanitaire en la personne de sa présidente, la victime de ceux qui diffusent des « tuyaux » percés. Alors, qui ? Qui peut bien vouloir manipuler les médias pour rompre cette chaîne de bonnes volontés, au risque de compromettre les réalisations en cours, de faire rebrousser chemin aux donateurs et de traumatiser des enfants qui n'ont guère besoin de ces épreuves supplémentaires ?

Dans un climat rendu délétère par l'affaire de l'orphelinat d'Aïn Chock au mois d'avril, quand la visite du roi Mohammed VI avait révélé le désastre de la gestion de l'Association musulmane de bienfaisance à Casablanca, la question ne se pose pas seulement sous la grande tente où les acrobates amateurs s'obstinent à répéter leurs cabrioles...

JACQUES BERTOIN
Source : Jeune Afrique

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com