Menu

Sahara : la situation se calme, les pro-Polisario s'expriment

Après des journées de manifestations, le calme était revenu lundi 30 mai 2005 à El Ayoun, chef-lieu du Sahara occidental, où des sympathisants du front Polisario s'exprimaient ouvertement en faveur de l'autodétermination du territoire annexé par le Maroc en 1975.

La population d'El Ayoun, une ville de 180.000 habitants, vaquait à ses occupations dominicales, mais la tension demeurait perceptible dans le quartier Maâtallah, où la rue El Mamoun portait encore les traces des affrontements du 23 mai, notamment des tâches noirâtres de pneus brûlés. Des militants sahraouis ont manifesté contre "l'occupation" marocaine du territoire.

Les accrochages ont commencé lorsque les forces de l'ordre ont dispersé une manifestation de sahraouis qui protestaient contre le transfèrement d'un détenu de la prison d'El Ayoun vers un centre de détention d'Agadir, 550 km plus au nord.

Trente-trois personnes ont été arrêtées au cours d'opérations de police qui ont suivi ces manifestations qui ont repris de manière sporadique au cours de la semaine, ont indiqué dimanche les autorités de la ville.

"Je suis pro-Polisario, je l'affiche publiquement", dit ouvertement à l'AFP un sympathisant, souhaitant garder l'anonymat. "Cette rue Al Mamoun, ajoute-t-il, mes amis et moi l'avons baptisée Mohamed Dades, un Sahraoui qui a passé 17 ans en prison pour ses opinions".

Une trentaine de sympathisants affichés du Polisario ont manifesté devant des journalistes de la presse locale et internationale venus à El Ayoun à l'invitation des autorités marocaines. "Nous voulons l'autodétermination", "Marruecos fuera" (Maroc dehors), ont-ils notamment scandé devant le groupe qui a pu se déplacer dans la ville.

"C'est une manifestation improvisée à la hâte pour profiter de la présence des journalistes", assure un policier présent sur les lieux.

"Ceux qui s'expriment ouvertement en faveur du Polisario ne sont qu'une minorité", a affirmé de son côté Mohamed Elgharabi, le wali (préfet) d'El Ayoun lors d'une conférence de presse organisée dimanche.

"La problématique actuelle, c'est de voir jusqu'où l'on peut tolérer le comportement de ceux qui exploitent un espace de liberté pour nuire au climat d'ouverture que connaît le royaume", a estimé le wali.

"Notre position pro-Polisario est mûre, on revendique l'autodétermination et l'organisation d'un référendum", déclare de son côté un habitant de la ville Hocine Idri. "Nous sommes fidèles au front Polisario, seul représentant légal et légitime du peuple sahraoui", affirme une femme sahraouie, Aminatou Haidara.

Une autre femme, Zahra Maa El Aïnaïn, dit implorer Dieu qu'il calme la situation. "Nous ne voulons pas de problèmes, nous sommes des Marocains", dit-elle.

Lebaighia bent Kainana, soeur du prisonnier dont le transfèrement a été à l'origine des affrontements, affirme qu'il y a eu "la violence des forces de l'ordre, et de nombreux blessés". "Moi-même j'ai été tabassée et ma maison a été saccagée", a-t-elle dit.

Khadija Benayad affirme pour sa part que sa maison a été elle aussi été saccagée, mais par des manifestants qui voulaient se cacher. Elle en veut aux pro-Polisario qui, assure-t-elle, "intimident la population" dans son quartier. "Je ne dis qu'une chose: vive le roi!", lance-t-elle.

A 25 km d'El Ayoun, sur la plage Foum El Ouad, les baigneurs en week-end paraissent ignorer les incidents. Une Sahraouie estime que "les incidents sont issus d'une affaire banale, le transfèrement d'un détenu étant chose normale". "Je ne comprends pas les affrontements, puisque le problème du Sahara occidental est entre les mains de l'Onu", dit-elle.

El Ayoun est la principale ville du Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole quasi désertique annexée par le Maroc en 1975, et revendiquée par le Front Polisario. Ce mouvement indépendantiste réclame l'indépendance du territoire, avec le soutien de l'Algérie.

Source : AFP

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com