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Mehdi Qotbi : "Arrêtons de nous plaindre, travaillons pour notre pays"

· Qotbi passionné par le Maroc et la France

· Grande manifestation à Paris pour les 50 ans de l’Indépendance

- L’Economiste: Vous exposez aux côtés de grands noms internationaux de la peinture. C’est une forme de reconnaissance de votre talent?

- Mehdi Qotbi: Me retrouver aux côtés de noms aussi prestigieux que Zao Wou-Ki m’enchante et me fascine aussi. Au Château de Tours où se déroule l’exposition, une salle m’est consacrée au même titre que les autres peintres de renommée internationale. J’ai toujours autant de plaisir à raconter comment j’ai écrit un livre avec Aimé Césaire, un des plus grands poètes de la négritude du XXe siècle. Je l’avais rencontré par un pur hasard. J’avais rendez-vous avec sa fille. Je suis arrivé avant l’heure et l’ai rencontré. J’ai saisi l’occasion et lui ai dit que j’aimerais faire un livre avec lui. Il m’a répondu “votre travail me parle et j’ai des poèmes inédits”. C’est le hasard. Quelques mois après, j’apprenais que mon livre était classé richesse nationale à la Bibliothèque Nationale. Césaire n’a fait que deux livres dans sa vie avec un artiste. Le premier avec Picasso et le second avec Mehdi Qotbi.

- La reconnaissance de votre talent ne date donc pas d’aujourd’hui.

- Tout cela est dû au hasard et à la chance. Si je n’étais pas arrivé plus tôt à mon rendez-vous, je n’aurais pas eu la chance de rencontrer Aimé Césaire.
Si j’expose aujourd’hui à Tours, c’est aussi grâce à Yves Bonnefoy, un des plus grands écrivains et poètes actuels. Le Musée de Tours qui fait une grande manifestation sur Yves Bonnefoy m’a convié. L’auteur s’y est entouré de ses amis. J’en fais partie. C’est un bonheur. D’abord parce que la peinture est ma passion de toujours. A côté de celle que j’éprouve pour mon pays.

- Avez-vous des projets pour les mois qui viennent?

- Nous allons organiser une manifestation de grande envergure à Paris pour commémorer le cinquantième anniversaire de l’Indépendance du Maroc. Ce sera 50 ans d’amitié, de compréhension et de fraternité avec la France. Je rappelle à cet égard qu’il y a cinquante ans, les étudiants marocains en France n’étaient qu’au nombre de 250. Aujourd’hui, ils sont plus de 700.000. L’évolution est similaire dans le domaine économique. La France avec laquelle le Maroc n’entretenait pas d’échanges à cette époque est actuellement le premier partenaire du Maroc. Dans toute l’Histoire du Maroc, il n’y a jamais eu de problèmes majeurs avec la France en dehors de l’exil de Mohammed V.
C’est pour cela que nous voulons célébrer cet événement de cette façon.

- Cela se fait avec la collaboration de l’ambassade du Maroc à Paris?

- Le cercle d’amitié franco-marocain est en contact permanent avec les ambassadeurs des deux pays pour les informer des actions qu’il entreprend. Pour ma part, j’entretiens des relations amicales pour ne pas dire d’amitié avec les représentants diplomatiques du Maroc et de France. Notre cercle agit en complémentarité avec les officiels que sont les diplomates.

- Quel rôle jouez-vous?

- Je suis un agitateur d’idées et d’amitié. Je suis passionné par mon pays qui m’a donné la vie et par la France qui m’a donné la dignité. Le Maroc est aujourd’hui très bien perçu en France. Nous ne rencontrons aucune difficulté dans notre travail. Cela a été possible grâce aux décisions courageuses du Roi Mohammed VI. Que ce soit en matière de droits de la femme, de droits humains, de modernisation du pays, Sa Majesté a permis au Maroc de réaliser des pas de géant. Les Européens reconnaissent que le Maroc est un exemple dans la région. Je rends un hommage particulier à la politique de Sa Majesté. Lorsqu’un officiel marocain est reçu à l’étranger, on fait des compliments au Roi.

- Cette image est le fruit de plusieurs années de travail. La moudawana a également joué un rôle primordial. Est-ce le point fort du Maroc?

- Le Maroc a plusieurs points forts avec une mention particulière au nouveau code de la famille. La perception du Maroc en France est primordiale. J’avais rencontré un haut responsable américain dans l’Administration Clinton, qui m’avait dit que les Etats-Unis voyaient le Maroc à travers la France. La France est notre baromètre à l’étranger. Il faut rendre fortement hommage à Jacques Chirac d’avoir su transmettre aux Américains et aux européens l’intérêt pour notre pays. Le Maroc a fait de grands pas en avant pour reconnaître les droits fondamentaux de l’être humain. Je citerais à cet égard l’initiative de l’Instance Equité et Réconciliation. C’est une première dans le Monde arabe que tous les Marocains doivent saluer.

- Vous êtes actif dans le domaine associatif avec les Marocains résidents à l’étranger. Comment se sent cette communauté? Est-elle consciente de son importance et de l’intérêt qui lui est accordé au plus haut niveau de l’Etat?

- A côté du cercle d’amitié franco-marocain, j’ai créé l’association Trait d’Union. Je voudrais faire, paralèlement à la commémoration du cinquantième anniversaire de l’Indépendance, de la rentrée 2005 une forme d’année où sera célébrée l’année euro-marocaine et en faire une rentrée économique. Mon rêve est d’inciter les hommes d’affaires marocains à se rendre dans les principaux pays européens pour rencontrer leurs homologues. Car nous communiquons mal pour ne pas dire pas du tout.
Heureusement que les décisions du Roi permettent de maintenir la bonne image du pays. Une bonne communication est le rôle de tout le monde. De nombreux jeunes qui ont des postes de responsabilité en France prennent en main Trait d’Union. Ils organisent plusieurs activités, notamment des rencontres culturelles sur le Maroc. Ils ont envie de se mobiliser pour leur pays. Car même s’ils ont la double nationalité, ils sont très attachés à leur patrie d’origine.

- Qu’avez-vous envie de nous dire aujourd’hui?

- Je suis attaché à mon pays. Tout le monde doit doubler d’efforts car nous sommes sur le même bateau, celui du Maroc. Nous avons toutes les chances de réussir.
Arrêtons de critiquer notre pays et de dire que tout va mal. Nombreux sont ceux qui se plaignent. Ils le font depuis longtemps et le feront peut-être toujours. Je voudrais que l’on reconnaisse au moins ce que les étrangers reconnaissent: le Maroc avance, réalise des pas de géant dans plusieurs domaines, évolue. Et rendre un hommage particulier aux jeunes et aux femmes de ce pays.
Source: L'Economiste

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