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Bondy inaugure la première mosquée édifiée en Seine-Saint-Denis

La construction de ce lieu de culte, dans le premier département musulman de France, a été financée par les fidèles.


Le maire (PS) de Bondy, Gilbert Roger, affirme avec une pointe de fierté que la mosquée de sa ville est la première construite en Seine-Saint-Denis. Et il a probablement raison. Dans ce qui est sans doute le premier département musulman de France par sa population, les lieux de culte islamiques sont installés dans des rez-de-chaussée d'immeubles, des pavillons ou des usines désaffectées. La mosquée de Bondy, inaugurée mardi 15 mars, est la première qui ressemble à une mosquée. Pour autant, elle ne possède pas de minaret, mais deux coupoles de faïence couleur émeraude. "Il a fallu faire quelques entorses au plan d'occupation des sols, qui interdit les toits verts", glisse M. Roger.

Le style de la mosquée se veut composite. Mais l'édifice est avant tout typiquement marocain. Avec ses décorations intérieures surchargées de stucs, faïences, faux marbre et bois marqueté. Le long des murs court une calligraphie représentant les 99 noms d'Allah. Seule touche de modernité : une horloge électronique à affichage lumineux donne l'heure des cinq prières quotidiennes. Dans la courette qui entoure le bâtiment, des grandes poteries de terre cuite contenant des yuccas apportent une ambiance méditerranéenne. La seule fausse note vient du bruit. Le bruit incessant des voitures qui circulent sur l'autoroute A 3. Car la nouvelle mosquée de Bondy est située tout à côté de cet axe qui coupe la ville en deux, et à proximité des principaux grands ensembles.

LE FOULARD D'ÉLISABETH GUIGOU

Le terrain n'a pas été cédé par la mairie, mais acquis par l'association Islam pour tous. Le maire insiste sur le fait qu'il n'a pas fait jouer son droit de préemption. Il se réjouit ouvertement de cette visibilité de l'islam dans sa ville. "J'ai soutenu le projet de mosquée lors des municipales de 2001. Que n'ai-je pas entendu sur ce sujet pendant la campagne électorale, dans les préaux d'école !"

Le coût de la construction s'élève à plus de 1 million d'euros, entièrement financé par des dons de fidèles. "Nous n'avons pas reçu un centime de l'étranger", annonce fièrement Mohamed Méniri, président de l'association Islam pour tous. L'imam de la mosquée est marocain et ne parle pas français. Mais les responsables du lieu de culte se font fort de trouver par la suite un prédicateur francophone.

Pour rien au monde les officiels n'auraient manqué l'inauguration. Le préfet s'est déplacé, de même que le président du conseil régional d'Ile-de-France, Jean-Paul Huchon (PS), et la députée Elisabeth Guigou (PS), laquelle n'a pas hésité à se couvrir la tête d'un léger foulard avant de pénétrer dans la mosquée.

La cérémonie était aussi interreligieuse. Un représentant de l'évêque avait fait le déplacement, de même que Roger Benhamou, président de la communauté juive locale. Le responsable du lieu de culte a relaté combien le chemin fut difficile : "Il y a quelque temps, cette mosquée n'était qu'un rêve pour certains. Que de souffrance, que d'embûches, que de soupçons pour le concrétiser !" M. Méniri n'a pas eu de scrupules à poser crûment les enjeux. "Les musulmans ont le devoir de voter pour les candidats les plus compréhensifs à l'égard de l'islam", a-t-il lancé dans son discours, en face des élus locaux et régionaux.

Le préfet s'est lancé dans une petite catéchèse sur la laïcité, tout en précisant qu'il était "du devoir de l'Etat de veiller à ce que tous les cultes aient les mêmes droits". Mme Guigou a posé une dernière fois pour une photo avec son foulard, devant le mihrab - cette niche tournée vers La Mecque. Et l'assistance s'est dispersée pour aller boire le thé à la menthe.

Xavier Ternisien
Source: Le Monde

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