Menu

Réforme du bac en France : L’onde de choc au Maroc

Le projet de loi d’orientation sur l’avenir de l’école présenté par François Fillon et examiné depuis hier par les députés français est également suivi avec attention au Maroc. En effet, quelque 20.000 élèves et 1.200 enseignants fréquentant les établissements français au Maroc sont concernés par les nouvelles dispositions de la loi Fillon.

Ce projet sur l’école est très controversé et a fait l’objet d’un immense mouvement de protestation à l’échelon de l’Hexagone.
Au Maroc également, une grève massive du corps enseignant a été observée le 20 janvier dernier. D’autres suivront après les vacances de mi-trimestre qui auront lieu du 19 février au 7 mars.

Pour l’instant et devant l’énorme levée de boucliers la réforme du baccalauréat a été retirée par François Fillon. Avec l’espoir de calmer les esprits. Mais le ministre de l’Education nationale a souligné qu’il “ne renoncerait pas à la réforme du bac et qu’il prendrait son temps pour convaincre”. En effet, après plusieurs jours d’hésitation, Fillon a finalement annoncé qu’un amendement gouvernemental supprimerait dans le rapport annexé au projet, la mention limitant à six le nombre des épreuves du bac, les autres matières relevant du contrôle continu ou de partiels. Il estime que cette question n’est pas centrale et qu’elle ne permet pas aux jeunes de mieux réussir mais elle consiste seulement à faciliter l’organisation de l’examen et de le rendre moins stressant pour les jeunes.

En revanche, le ministre français a affiché sa fermeté sur le maintien des autres dispositions du projet qui instaurent notamment un “socle de connaissances” devant être maîtrisé au terme de la scolarité obligatoire. Une idée légitime, selon le parti UMP qui soutient à fond Fillon dans sa démarche. Et qui ne ravit pas l’opposition qui fait bloc contre le projet.

Selon Abdelouahed Boukouraych, président de l’Union des conseils des parents d’élèves (UCPE), “le projet est pernicieux dans la mesure où au lieu de mettre l’accent sur les devoirs de l’école, il met l’accent sur les devoirs des élèves et de la jeunesse”. En clair, l’échec scolaire est une responsabilité de l’élève et sa famille. La loi Fillon sur l’éducation prévoit l’instauration de CIR (contrats individuels de réussite) qui permettent à l’élève en difficulté de bénéficier d’un certain nombre d’heures de soutien. A l’issue de ce programme et si l’élève persiste dans son échec, la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans n’aura plus aucun sens pour lui. “L’école pourra, selon Boukouraych, s’en laver les mains du fait qu’elle lui a donné ses chances et qu’il n’a rien fait”.

“C’est donc un renversement de tendance. En principe, l’école a pour mission de former les citoyens de demain et non pas d’instaurer des mesures de nature à éjecter du système ceux qui sont en situation d’échec”, termine le président de l’UCPE.

En tout cas, l’état d’alerte est de mise. Si les élèves marocains des établissements de la mission culturelle française et des OSUI – écoles gérées par l’Office scolaire et universitaire international-, affichent un calme relatif, ils sont conscients des enjeux de la réforme. Selon un responsable d’établissement, “les élèves et leurs parents sont en position d’attente”. Pour démêler la situation, l’Association des parents indépendants (API) organise les 15 et 16 avril deux journées de débats aux lycées Lyautey à Casablanca et Descartes à Rabat.

Les discussions seront menées par Luc Ferry, le philosophe et ex-ministre de la Jeunesse, de l’Education nationale et de la Recherche.

En attendant, les débats sur la loi d’orientation sur l’avenir de l’école occuperont les députés jusqu’au 18 février. Le vote solennel est prévu le 2 mars, date à laquelle les lycéens sont appelés à manifester le même jour avec les enseignants pour exiger “le retrait pur et simple” de la réforme.

Fatima EL OUAFI
Source : L'Economiste

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com