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Mobilisation à Clermont-Ferrand contre l’expulsion de trois Marocains

Plusieurs dizaines de personnes ont manifesté à Clermont-Ferrand mardi pour protester contre l'expulsion des sœurs jumelles marocaines, Salima et Salma Boulazhar. Dans la même journée, des dizaines de lycéens ont également manifesté contre l'arrestation lundi, d'un de leurs camarades marocain menacé d'expulsion.

Réunis devant la préfecture du Puy-de-Dôme, avec des banderoles, les manifestants ont scandé selon l’AFP, des messages contre l’expulsion des deux jeunes filles, âgées de 18 ans et demi. Les deux sœurs sont séparées depuis le 19 janvier dernier. Ce jour là, Salima était à la maison, mais pas Salma. Cette dernière a été hospitalisée pour une dépression après le refus par la préfecture du Puy-de-Dôme, d’octroi de titre séjour le 27 juillet 2009.

Cinq policiers se sont rendus à leur domicile et ont délivré à Salima un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière (APRF), avant de l’embarquer. Quelques heures plus tard, elle est conduite au centre de rétention de Lyon, et elle y est toujours, en attendant sa reconduite prévue pour le jeudi 4 février. Quant à Salma, elle a fui l’hôpital et s’est cachée. Un recours a été déposé devant le tribunal administratif (TA) de Clermont-Ferrand par leurs défenseurs. Mais le tribunal n’a toujours pas rendu sa décision, et les autorités n’ont pas l’obligation d’attendre son verdict.

Les jumelles sont arrivées en France en 2004 chez leur tante, à la suite du décès de leurs grands-parents paternels qui les élevaient depuis leur naissance. Elles préparent chacune, un CAP en apprentissage: Salima en cuisine, Salma en service-restauration. Pour leur régularisation, leur tante s’est rendue au Maroc pour obtenir la prise en charge officielle ("la Kafala") de ses nièces, l’adoption classique y étant interdite. Mais à Clermont, les autorités ont été claires : « pas d’adoption, pas de papier ! »

Salima a été jointe au téléphone par Le Monde, depuis le CRA de Lyon. Elle a raconté : « j'ai peur, et je pleure tout le temps. Je n'ai pas de famille au Maroc, je ne me souviens presque plus de ce pays que nous avons quitté avec ma sœur quand nous avions 13 ans. Je ne sais même plus ni lire ni écrire l'arabe ».

Le Réseau Education sans frontières (RESF) qui coordonne les manifestations a été saisi du cas d'un autre Marocain de 21 ans en situation irrégulière. Youssouf Ahanssal, scolarisé dans un lycée professionnel clermontois, a été arrêté lundi 1er février, et s’est vu notifier un APRF, le lendemain. Dans la matinée du mardi, « les camarades de Youssouf ont refusé d'aller en cours. Ils ont manifesté devant le lycée et obtenu sa libération », sous les yeux de Claire Chazal et Jean-Pierre Foucault, en visite dans l'établissement dans le cadre de la Fondation TF1, a expliqué à l'AFP Corinne Mialon, membre de RESF. Il a été libéré et bénéficié d’un sursis de quelques mois. Dans l’après midi, il a été « assigné à résidence pour qu'il puisse terminer l'année scolaire ».

Les trois Marocains sont soutenus par RESF, leurs écoles respectives ainsi que plusieurs associations (Ligue des droits de l'Homme, Cimade) et même des hommes politiques.

Ibrahima Koné
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