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Espagne : Une avocate d’origine marocaine proteste pour avoir été exclue lors d’un procès

Zoubida Barik Edidi est une avocate espagnole d'origine marocaine, musulmane et voilée. Elle a porté plainte auprès des autorités judiciaires espagnoles pour avoir été exclue d'un procès auquel elle assistait le mois dernier. Motif de l’exclusion, le refus d'enlever son voile. L’affaire rapportée le mercredi par le journal El Pais fait grand bruit d’autant que le règlement concernant la tenue des avocats n’interdit pas le foulard.

Le 29 octobre dernier, Zoubida Barik Edidi assistait à un procès lié au terrorisme islamiste dans une salle de l'Audience nationale à Madrid. Selon ses propos cités par El Pais, le juge Javier Gomez Bermudez l'a invitée à quitter les lieux. La diplômée de l’université Mohamed V de Rabat assistait au procès comme collaboratrice d’un autre avocat de la défense.

Dans une interview accordée à El Mundo, l’avocate est revenue en détails sur les faits. « Etant dans la salle et vêtue de ma toge, le juge Bermudez m’a dit, "Non, madame, vous ne pouvez pas être ici". J'ai demandé pourquoi et il répondit: "Les audiences ne peuvent pas tenir avec la tête recouverte d'un foulard". Alors j'ai répliqué en disant que ce n'était pas la première fois, que je suis avocate et que j’avais déjà assisté antérieurement aux procès et qu’aucun juge ne m'avait reproché quelque chose. Alors il m’a dit : "ceci est ma chambre et je suis le patron ici". J'ai dû partir ».

Javier Gomez Bermudez, magistrat chargé des questions de terrorisme, est le président de la chambre criminelle à l’Audience nationale. Il a présidé en 2007, le procès des auteurs des attentats du 11 mars contre les trains de banlieue de Madrid. Au mois de septembre dernier, d’après l’AFP, il avait expulsé une femme de la salle d’audience, avant de trouver avec elle plus tard un compromis. Cette dernière refusait de témoigner en soulevant sa burqa.

Avocate au barreau de Madrid depuis neuf mois (février 2009), Zoubida Barik Edidi a porté plainte auprès du Conseil général du pouvoir judiciaire (CGPJ) pour « discrimination » et « abus de pouvoir ». Selon l’AFP qui la cite, l'article sur la tenue des avocats dans le statut de la profession, spécifie uniquement que les avocats sont tenus de porter – obligatoirement – leur toge et « d'adapter leur tenue à la dignité et au prestige de la robe qu'ils portent et au respect de la justice ». Il n’y a donc aucune mention faite au foulard.

Ibrahima Koné
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