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Maroc : Manifestations devant l’ambassade de France à Rabat.

L’ambassade de France à Rabat a reçu hier, en fin d’après-midi, une visite pas comme les autres. Il s’agit d’une foule d’individus qui manifestait devant les locaux de la représentation diplomatique « contre la politique de délivrance des visas aux ressortissants marocains », d'après l’AFP. Cette manifestation, qui s’est déroulée pacifiquement, a été organisée par l’Association marocaine des droits humains (AMDH), suite au décès d’une marocaine atteinte de cancer à laquelle les autorités françaises avaient refusé un visa.

Le sit-in organisé hier devant l’ambassade de France vient en réaction à cette nouvelle donne de « porte fermée » qui caractérise la politique d’immigration de l’Hexagone depuis quelques temps. Les slogans des manifestants et les mots sur les pancartes en disaient beaucoup : "Le Marocain ne s'humilie pas", "Non au racisme », ou encore « non à l'assignation à résidence des peuples du sud », y étaient inscrits. Mais la véritable raison de ce mouvement protestataire, la voilà : « Nous protestons contre le système des visas, qui a conduit au drame ayant coûté la vie à Aïcha Mokhtari, Il s'agissait d'un cas humanitaire et on ne comprend pas pourquoi la France l'a rejeté », déclara à l’AFP, Khadija Ryadi, présidente de l’AMDH.

En effet, plusieurs personnes ne sont pas restées insensibles à l’histoire de Aicha Mokhtari. En, effet, cette marocaine originaire d’Oujda souffrait d’un cancer des os. Devant l’aggravation de son état de santé, Aicha devait rejoindre, au mois de mars dernier, un institut de cancérologie en France, pour y entamer des soins. La famille Mokhtari s’était donc présentée auprès des autorités consulaires françaises, à Fès, et leur avait remis tous les documents nécessaires pour obtenir le précieux sésame qui devrait permettre de sauver la vie de Aicha. Mais mauvaise surprise : la demande de visa fut rejetée par le consulat. Malgré maintes tentatives et sollicitudes pour obtenir le fameux cachet, la famille Mokhtari s’était retrouvée dans un désespoir indescriptible face à la détérioration de l’état de santé de Aicha. Et malheureusement l'histoire se finira avec le décès de la marocaine, le 15 août dernier, des suites des complications de sa maladie.

Le 1er septembre dernier, Khadija Ryadi avait dénoncé lors d’un point de presse le fait que ce visa ait été refusé à Aicha "à cause d'une erreur commise » par le consulat « et qu'il a refusé de rectifier ». Cette erreur, d’après les déclarations d’un frère de Aicha, en mars dernier, était d’avoir « confondu » les dossiers de cette dernière avec une autre demandeuse de visa qui porterait le même nom ». Suite à cette déclaration de l’AMDH, l’ambassade de France n’était pas restée muette. « Mme Mokhtari avait déposé une demande de visa en 2008. Ce dossier comportait des insuffisances qui ont été signalées à la famille qui n'a pas répondu », se défendait l’ambassade, dans une autre rencontre de presse, à la même date.

La politique sarkozyenne de « l’immigration choisie » serait elle étendue à des cas aussi extrême que la maladie ? l’AMDH, qui ne croit pas à la thèse de « l’erreur », serait bien tentée d’y répondre par la positive. « Les Français, quand ils arrivent au Maroc, sont bien accueillis, alors que lorsque des Marocains veulent aller en France et (ailleurs) en Europe, ils sont humiliés », martela Khadija Ryadi.

Pendant ce temps, malgré les tracasseries administratives, les salles d’attente des consulats et autres représentations diplomatiques du royaume ne désemplissent pas pour autant. La France est, d’ailleurs, le pays européen ayant délivré le plus de visa en 2008 au Maroc. Et le prix à payer est parfois très cher…Aicha nous en dirait autant si elle était encore, en ce moment, dans le lit d’un hôpital français.

Safall Fall
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