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Belgique: Sans papiers ou l'espoir d'une régularisation chimérique

La régularisation des milliers de sans papiers vivant clandestinement depuis plusieurs années en Belgique évolue au gré du temps et constitue de plus en plus un défi pour le gouvernement et un problème social aux fortes connotations humanitaires.

La lenteur dont a fait preuve le gouvernement dans le règlement de cette question et le non respect d'une promesse faite en mars 2008 d'adopter une circulaire fixant les critères de régularisation, ont suscité l'indignation générale et conduit au déclenchement d'un vaste mouvement de soutien en faveur de "la cause" des sans papiers.

Ce vaste élan de solidarité avec les sans papiers a été enclenché aussi bien par les étudiants que les rectorats des universités, la société civile, l'Eglise et les barreaux belges pour interpeller presque au quotidien les membres du gouvernement ainsi que les partis politiques divergents sur cette question.

La Belgique a vécu en 2008 une série de malaises politiques. Les divergences perpétuelles entre flamands et wallons sur une réforme de l'Etat, le scandale de la Banque Fortis en difficulté provoquant la chute du gouvernement et la crise économique et financière internationale fragilisant l'économie du pays ont conduit le gouvernement à inscrire sur son agenda politique, les préoccupations de "proximité".

Mais la question des sans papiers n'était pas restée en rade, l'ancien gouvernement ayant fini par trouver un accord sur la manière de régulariser les étrangers en séjour illégal, il restait seulement à la ministre chargée de la politique d'asile et de migration à mettre cet accord, conclu entre les cinq partis du gouvernement, les mêmes dans l'actuel cabinet, en application. Douze mois plus tard, les sans papiers attendent encore.

Si l'accord de 2008 avait été concrétisé, l'objectif n'était aucunement de procéder à une régularisation massive mais plutôt donner un titre de séjour à une certaine catégorie.

Celle-ci concerne les demandeurs d'asile justifiant d'une procédure anormalement longue, des illégaux prouvant un ancrage local durable dans leur pays et les clandestins présentant une promesse d'embauche effective au cas où ils obtiendraient un titre de séjour en bonne et due forme.

Cela aurait donc permis à des milliers de sans papiers de quitter une vie indigne mais en raison d'enjeux électoraux, "le blocage est politique" et "la circulaire devient chimère", commentent plusieurs observateurs.

"Persuadés d'avoir pris un soufflet aux élections régionales de 2004 en accordant le droit de vote aux étrangers non européens, les libéraux flamands ont juré de ne plus refaire la même erreur", écrivent plusieurs journaux.

Poussée à son paroxysme, une telle situation de blocage incite aux poursuites des grèves de la faim et de manifestations de colère à travers la Belgique. L'action la plus remarquée fut celle entreprise par les ordres de barreaux attaquant en justice l'Etat belge pour non-respect d'engagement politique sur ce dossier.

"Ce n'est pas une action d'avocats engagés mais de tous les avocats du pays qui se retournent contre le gouvernement pour dénoncer un vide juridique", avaient-ils déclaré récemment à la presse.

Un espoir demeure par contre. Tout le monde est unanime à reconnaître que le nouveau premier ministre Herman Van Rompuy affiche une bonne volonté dans la résolution de ce dossier.

Cherchant dès sa prise de fonction à dissocier la régularisation des sans papiers du contexte général de l'immigration, il a récemment multiplié les réunions à ce sujet et cité la régularisation parmi les priorités de son programme d'action. Mais, selon plusieurs observateurs, "les résistances semblent ailleurs". Au-delà des cercles d'intellectuels, des syndicats ou des mouvements associatifs, la question, explique-t-on, n'emporte pas l'adhésion des populations, d'où le manque d'entrain de la majorité fédérale à réellement poser le problème sur le plan politique.

Shehrazade Alaoui
Source: MAP

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