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Météo: Le Maroc sous l'eau

Les précipitations de cette semaine ont causé des dégâts humain et matériels. Dans certaines régions, notamment le Gharb, les récoltes, encore inondées, sont irrécupérables.

Les récentes pluies, qui continuent de s'abattre partout à travers le pays, ne sont pas de bon augure pour tous. Depuis le début de la semaine, la liste des victimes, moins des précipitations que des mauvaises conditions dans lesquelles elles habitent, ne cesse de s'allonger. Les derniers en date ont été les six membres d'une même famille dont le toit s'est littéralement écroulé sur eux. Il s'agit de quatre filles et de deux garçons. Leur mère, elle, est grièvement blessée. C'était mercredi dernier dans la commune rurale d'Aït Abdi, à Azilal. Si les importantes chutes de neige enregistrées dans leur localité y a été pour beaucoup, la précarité de leur logement a fait tout le reste. Le nombre de victimes enregistrées depuis le début de la semaine s'élève ainsi à 14, quatre personnes ayant également péri suite à l'effondrement de leur maison, lundi à Nador, au même titre que deux autres à Marrakech et encore deux dans le village d'Arkoumi près de Taroudant (sud-ouest).

Plus loin, notamment dans la région du Gharb, la situation n'est guère meilleure. Même si pour l'heure, aucune victime humaine n'a été enregistrée, grâce à l'alerte lancée par les autorités auprès « des habitants. Mais c'est compter sans les dégâts matériels. Les crues de l'oued Beth, survenues dans la nuit de mardi à mercredi dans la région Sidi Slimane, près de Kénitra, ont provoqué l'effondrement de près de 300 maisons en pisé dans de nombreux villages. Selon le ministère de l'Intérieur, un total de 1.800 maisons en pisé ont été submergées par les eaux dans plusieurs villages situés dans certaines communes dont Sidi Slimane, Dar Bel Amri e tBoumiîze, riveraines de l'oued Beth, sans faire de victimes humaines cependant. Quatre écoles et un dispensaire ont aussi été emportés par les crues.

Dans la même région, ce sont surtout les dégâts économiques qui sont à craindre. Agricole par excellence, le Gharb a vu plusieurs dizaines de milliers d'hectares de ses terres submergées par la pluie. Et pour cause, la région a reçu depuis octobre dernier une moyenne de 600 mm de pluies contre une moyenne de 300 mm. Le ministère de l'Intérieur, qui a réactivé sa cellule de veille sur les perturbations climatiques, estime à 6.000 ha les terres qui auraient été submergées suite au débordement du même oued Beth. Les responsables agricoles locaux parlent de bien plus que cela. Cité par l'Agence AFP, Abdelaziz Bousraref, un responsable de l'ORMVAG de Kénitra (Office régional de mise en valeur agricole) avance le chiffre de 56.000 hectares qui seraient encore sous les aux. Ceci, sur un total de 380.000 hectares cultivés dans une plaine du Gharb connue pour être généreuse en récoltes. Ce ne sera visiblement pas le cas cette année, puisque les cultures, notamment de blé, de fourrage et de légumes ont été endommagées.

Qu'en est-il des autres régions agricoles ? Les opérateurs tendent à nuancer l'ampleur des dégâts, notamment dans les zones céréalières, à savoir le Saïss et la Chaouia. «Ces zones ont la particularité d'être de nature essuyeuses, contrairement à la région du Gharb, la plus impactée vu le caractère lourd de ses terres, mais où les cultures céréalières ne sont pas la principale activité agricole. Dans tous les cas, les récoltes de cette région sont irrécupérables», explique Kamal Bouayach, secrétaire général de la Comader (confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural). «Le plus grave, c'est que les pluies, doublées de la vague de froid et des vents violents qui ont sévi dans nombre de régions agricoles, ont empêché jusqu'à la mise en œuvre de certaines cultures», ajoute-t-il. Sur les 5,5 millions d'hectares dédiés aux céréales, quelque 700.000 à 900.000 n'ont pas été emblavés. «Il était impossible même d'y accéder, encore moins les semer», explique le responsable associatif. Plus que la pluie, c'est la vague de froid qui menace le plus la production agricole, bien que le gel ne soit pas encore de mise. Ce qui est sûr, c'est que tout le cycle de la production est désormais perturbé. Seul espoir, les cultures du printemps. Et ce n'est pas fini, prévient la direction de la météorologie. Le week-end sera pour le moins pluvieux. «Les plus fortes précipitations sont à attendre dès ce vendredi», assure Mohamed Bellouchi, responsable au sein de ladite direction. Cette fois, c'est le Souss et le Nord qui seront les plus impartes, puisque quelque 30 mm en 12 heures s'y abattraient. Sur les reliefs, la neige sera toujours au rendez-vous, notamment dans le Rif, et les Haut et Moyen Atlas. Prudence, prudence !

Tarik Qattab
Source: Le Soir Echos

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