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Gaza: Rafah vue par des Marocains

«La situation dans le passage de Rafah est vraiment terrible. Depuis trois jours que je suis là, j'ai vu les ambulances transporter vers l'Egypte 150 blessés dont 11 sont morts durant le trajet. Les bombes explosent à 200 mètres à peine. J'ai photographié les déflagrations et j'ai vu des débris s'abattre même sur des maisons à l'intérieur de la frontière égyptienne», raconte Mourad Borja, photoreporter de l'agence AlC-Press.

Depuis le mardi 13janvier, deux journalistes marocains essaient de pénétrer à 1'intérieur de la bande de Gaza. Ils font partie d'un groupe de 17 journalistes de différentes nationalités qui ont répondu à l'appel du «Centre Doha pour la liberté de la presse». Bien plus que couvrir ce qui se passe dans la bande de Gaza, cette délégation ambitionne d'apporter son aide aux confrères palestiniens. Les journalistes ont emporté avec eux des appareils photos, des caméras, du papier, des stylos, des clés USB et des gilets pare-balles. Depuis trois jours, ils ne dorment que trois heures par jour en moyenne et passent leur temps au poste-frontière. «Ce matin (jeudi), les Israéliens ont bombardé un centre de presse, sans faire de victimes. Heureusement qu 'il n 'y avait pas beaucoup de personnes dans le centre. Au moment où je vous parle, je vois des chars israéliens qui traversent les routes à l'intérieur de Gaza», décrit Mourad Borja. Les militaires israéliens bombardent également les tunnels qui traversent Rafah et qui servent à la contrebande. Quid des aides marocaines pour les Palestiniens ? «C'est le convoi le plus important jusqu 'à maintenant», assure le photographe. Pour le moment, les Israéliens ne laissent passer que les médicaments. Plusieurs camions qui transportent l'aide marocaine sont bloqués au niveau de la frontière et attendent le feu vert israélien. «En ce moment, je vois cinq camions marocains bloqués», note le journaliste. Pour que les aides arrivent à bon port, les responsables usent de quelques stratagèmes. «Ils remplissent les ambulances qui repartent vers Gaza de médicaments pour échapper aux contrôles militaires», explique le journaliste. «Nous n'avons pas envie de revenir au pays sans avoir vu Gaza. Mais s'ils persistent à nous refuser l'entrée, nous n'aurons d'autre choix que de rentrer», conclut Morad Borja.

3 questions à Mohamed Borja, Directeur de l'agence photo AIC-Press

Vous êtes deux Marocains à avoir accompagné une délégation internationale de journalistes au poste frontière de Rafah, en Egypte. Où en êtes-vous dans vos tentatives de pénétrer dans la bande de Gaza ?
Jusque-là, nous avons à peine réussi à avoir une lettre de recommandation de l'ambassade du Maroc et une dérogation des autorités égyptiennes qui stipule que nous avons conscience du risque que l'on prend en entrant dans un territoire de guerre. Les responsables égyptiens ne nous facilitent pas du tout le travail. Ils ont même arrêté des journalistes, puis ils les ont relâchés et cela sous prétexte qu'ils prenaient des photos d'une zone militaire.

Croyez-vous que vous réussirez à couvrir ce qui se passe à Gaza ?
J'essaie de trouver un moyen de pénétrer à Gaza. On m'a parlé d'ambulances qui font passer des gens contre la somme de 600 euros. Pour le moment, rien ne permet d'affirmer que nous allons réussir à entrer. Je n'ai aucune envie de rentrer au pays avant d'avoir pénétré dans la bande de Gaza, mais si cette situation continue, nous serons de toutes les manières obligés de rebrousser chemin.

Vous travaillez dans quelle ambiance là-bas ? Quelles difficultés rencontrez-vous ?
Les militaires égyptiens sont présents en force à la frontière et leur nervosité est perceptible Ils essaient par tous les moyens de faire pression sur nous. Ils ont particulièrement peur que l'on parle des débris de bombes qui touchent des maisons égyptiennes qui se trouvent à la frontière. J'en ai même visité quelques-unes dont les vitres ont explosé par exemple.

Zakaria Choukrallah
Source: Le Soir Echos

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