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Que peut le Maroc pour ses expatriés ?

La journée mondiale des migrants a été célébrée en grande pompe, alors que les droits des migrants sont plus que jamais bafoués. Etat des lieux.

A l’occasion de la journée mondiale des migrants célébrée le 18 décembre de chaque année, le président du Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger (CCME), Driss El Yazami, a rappelé que la convention sur les droits des migrants et leurs familles, que le Maroc a signée et ratifiée, « n'a guère édicté de nouveaux droits pour les migrants, mais vise à combattre d'éventuelles discriminations et à garantir l'égalité de traitement entre nationaux et migrants ». Les articles de cette convention s'opposent aux conditions inhumaines de vie et de travail, aux abus physiques et sexuels, aux traitements dégradants et demandent une égalité de traitement en matière juridique ainsi que la garantie de l'accès des migrants à l'éducation et aux services sociaux, comme elle explicite des droits fondamentaux comme la liberté de pensée et de religion ainsi que la liberté d'expression. Le Maroc, qui a activement participé à l'élaboration de cette convention, peut s'honorer d'avoir été le deuxième pays au monde à l'avoir ratifiée dès 1993, et n'a eu de cesse, depuis, d'en demander l'effectivité pour ses nationaux émigrés, a-t-il ajouté. Rappelons que jusqu’à aujourd’hui, 30 Etats, majoritairement des pays d’origine, ont ratifié cette convention. Les Etats des pays de destination des migrations ne veulent toujours pas la reconnaitre.

Que fait le CCME ?
C’est la question qui revient dans la bouche des expatriés marocains qui ont du mal à « saisir l’intérêt des périples du président du CCME à travers les quatre coins du monde ». En réponse, les responsables du CCME ne cessent de rappeler que le CCME est plutôt une structure consultative de réflexion. « Il n’est surtout pas une structure administrative supplémentaire. Pour répondre aux attentes des MRE, le Conseil vient de créer le groupe de travail «Administration, droits des usagers et politiques publiques» chargé précisément « d’étudier les politiques publiques dans le but d'en améliorer l'efficacité et le rendement au bénéfice de la communauté marocaine à l'étranger ». Cette structure, indique un communiqué du CCME, a tenu deux séances de travail distinctes avec les délégations du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération et du ministère chargé de la Communauté marocaine à l'étranger, qui ont présenté les différentes activités dédiées au MRE. Conformément à ses attributions visant à exercer une fonction de vigilance prospective sur les évolutions de l'émigration et des débats qu'elle suscite tant au Maroc que dans les pays de résidence et au sein des instances internationales, le groupe de travail a également discuté au cours de cette session du suivi des nouvelles politiques migratoires.

La diaspora féminine à l’honneur
Pour son premier anniversaire, le CCME a choisi de rassembler à Marrakech plus de 240 femmes issues de l'émigration ou vivant au Maroc (universitaires et femmes d'affaires, responsables politiques, élues, cadres et responsables associatives). Objectif : porter un regard croisé sur les diverses expériences des femmes marocaines d'ici et d'ailleurs. « Et ce pour favoriser l'échange d'expériences entres les participantes et se pencher sur la question de "l'approche genre" qui constitue l'une des priorités du CCME », indiquent les organisateurs.

Cette première rencontre des marocaines du monde a été notamment un moment de célébration de la grande nouvelle, toute fraiche : la levée des réserves par le Maroc des réserves sur la Convention internationale sur l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard de la femme (CEDEF). Saisissant l’occasion, le président du CCME a annoncé la création d’un Fonds national sur la recherche en migration qui érigera la question genre en «priorité stratégique». Et pour cause ! « La femme marocaine migrante a toujours été perçue comme subordonnée, ignorée par les chercheurs mais également par les politiques marocains », a déclaré l'anthropologue et maître de conférence à l'Université de Grenoble, Nassima Moujoud. « Dans le monde du travail, elles subissent le plus souvent encore une double discrimination en raison de leur origine et de leur sexe», a noté, pour sa part, Amina Naceri, présidente du groupe de travail CCME : «approche genre et nouvelles générations».

Droit de vote aux immigrés
« Le Maroc étudie la possibilité d’accorder aux étrangers résidents au Maroc le droit de vote aux élections municipales » a déclaré le Premier ministre Abbas El Fassi, à l’issue de la réunion de haut niveau Maroco-espagnole tenue récemment à Madrid. Une telle décision requiert d’abord une réforme constitutionnelle, a ajouté A. El Fassi en affirmant que le gouvernement marocain a transmis cette décision à son homologue espagnol. Celui-ci avait pour sa part adopté un projet de loi stipulant le droit de vote des immigrés aux élections municipales. Seulement, cette nouvelle loi qui soumise actuellement à l’étude au parlement espagnol, suppose le principe de la réciprocité. Ce qui veut dire que les 376.000 Marocains résidents en Espagne ne seront concernés par cette décision que si les membres de la communauté espagnole établie au Maroc jouissent de la même disposition. D’où la décision marocaine.

L’Espagne ne veut plus de mineurs
L’Andalousie (Espagne) veut renvoyer au Maroc 1.000 mineurs non accompagnés. Au total, l’Espagne compte entre 3.000 et 5.000 mineurs étrangers non accompagnés, la plupart aux îles Canaries, en Andalousie, à Madrid et en Catalogne. La majorité de ces enfants est originaire d'Afrique, en particulier du Maroc.

«Les fonctionnaires n'ont cependant pas été en mesure d'expliquer aux responsables de HRW en quoi le retour vers leur pays d'origine représentait l'intérêt supérieur de ces enfants», souligne un récent rapport de Human Rights Watch. Des chercheurs de cette ONG observent que lors de la prise de décision de rapatrier un enfant, les fonctionnaires du gouvernement ne procèdent pas à une analyse, ni même à une collecte d'informations sur le sort de ces mineurs.

Signalons que l’Espagne a conclu des accords bilatéraux de réadmission avec le Maroc. La construction de deux centres d'accueil et de plusieurs appartements a été financée par les communautés autonomes de Madrid et de Catalogne avec un soutien de trois millions d'euros de la Commission européenne.

Récitez les valeurs de la république !
Sarkozy avait déclaré en 2007 : « je souhaite que les candidats au regroupement familial soient soumis, dans nos consulats, à un test démontrant leur connaissance sommaire de la langue française ». Maintenant, cette mesure est effective. Depuis le 1er décembre, les candidats au regroupement familial au Maroc doivent désormais passer un test pour obtenir un visa. Les questions portent sur la langue française et sur les valeurs de la République. Ceux qui échouent à ce test sont invités à suivre une formation dans leur pays d’origine.

Le dispositif actuel a pour premier effet de retarder de six mois le processus du regroupement familial. « Il faut savoir que la demande initiale de regroupement familial auprès des autorités françaises peut prendre déjà entre six et dix-huit mois. En y ajoutant les six mois nécessaires pour passer ce nouveau test de français et pour suivre les cours, des familles peuvent ainsi être séparées durant un an, voire deux ans ! Cela complique les démarches qui sont déjà très longues », remarque Sarah Belaïche de la Cimade, une association Française d’aide aux migrants et aux réfugiés.

Hassan Laghcha
Soure: Le Reporter

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