Menu

Une marche contre le racisme à Arras

Pour la troisième fois les tombes du carré musulman du cimetière de Notre-Dame de Lorette ont été souillées d'inscriptions xénophobes. Trois fois, et le risque de banalisation n'est pas loin. C'est justement pour que jamais on ne s'habitue à de tels agissements, qu'une grande marche silencieuse oecuménique prendra le départ, ce matin, à 11 h, de la place de la gare d'Arras. On attend un millier de personnes.

En silence, les participants relieront la place de la gare au Pont de Cité. Pas de prise de parole, juste un même message inscrit sur une banderole en ouverture du cortège disant « Non à l'islamophobie, non à la xénophobie, non à l'antisémitisme ».

Un temps, la manifestation avait été prévue à Lille voire à Paris, mais c'est à Arras, chef-lieu du Pas-de-Calais, qu'elle se devait d'avoir lieu. À son origine, on trouve l'Amicale des travailleurs et commerçants marocains d'Arras, une association créée il y a une trentaine d'années et qui avait pour but à l'époque d'aider ses adhérents dans leurs démarches d'installation en France. Aujourd'hui, elle est devenue une structure multiculturelle qui s'occupe en parallèle de la mosquée de la rue Matisse, à Arras. Mohammed Messaoudi en est le président depuis peu, mais membre depuis de longues années déjà. Le bureau vient d'être renouvelé. « Cette marche silencieuse est ouverte à toutes les confessions, toutes les religions. Nous avons invité les juifs, les orthodoxes, les chrétiens, les protestants. Tous devraient avoir leurs représentants. On attend un millier de personnes venues de l'agglomération arrageoise principalement. » Des personnalités politiques de tous bords ont été invitées à se joindre à la manifestation. « Nous voulons dire aussi que s'en prendre à un cimetière est un acte lâche. Que les tombes soient musulmanes, juives ou chrétiennes, c'est la même chose », insiste Hassan Lahlali, le secrétaire général de l'amicale. « Il faut que les gens prennent conscience qu'on ne peut pas banaliser ce genre d'actes. Et pour éviter que de telles choses se produisent, il faut travailler en amont et lutter contre ce racisme latent, ce que j'appelle le racisme de palier.

Depuis longtemps, on aurait pu sécuriser Notre-Dame de Lorette. Aujourd'hui, on en parle mais rien n'est encore fait. »

Mohammed Messaoudi s'était rendu sur place le matin de la découverte des inscriptions, et n'arrive toujours pas à comprendre ce qui a pu passer dans la tête de certains. « Qu'elle soit celle d'un musulman, d'un juif, d'un athé... une tombe est une tombe. Les soldats qui sont enterrés sont morts pour la liberté de la France. Ils n'ont peut-être même pas eu le temps de voir la brume du Pas-de-Calais avant de mourir. Et à cette époque, on ne s'est pas posé la question de savoir s'ils étaient intégrés ou pas ! » Mais tout le monde sait dans l'association comme ailleurs que cet acte n'est commis que par une petite minorité. Le rappeler c'est aussi l'un des objectifs de cette marche silencieuse.

Emmanuel Crépelle
Source: La Voix du Nord

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com