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Le fabuleux destin des chirurgiens marocains

L'année qui s'achève aura été sans conteste celle des exploits pour la médecine marocaine, notamment dans les spécialités cardio-vasculaire et cervico-maxillaire-faciale.

Le dernier en date fut la mise au point du premier coeur artificiel à 100 pc marocain. Un véritable exploit qui fait du Maroc l'égal des quelques pays -une dizaine- qui se sont lancés dans la course pour la conception et le perfectionnement de cette technique pointue.

L'auteur de cette prouesse, réalisée il y a quelques semaines, n'est autre que le Professeur Wajih Maazouzi, directeur du CHU Ibna Sina à Rabat et Chef du service chirurgie cardio-vasculaire au même centre hospitalier, connu pour avoir réalisé, il y neuf ans, une première au Maroc en transplantant un coeur humain.

Pour réaliser ce coeur dénommé OCPAV 1, une sorte de pompe d'assistance ventriculaire, l'équipe du Pr Mâazouzi, secondée par des ingénieurs en Physique, en électronique et en mécanique, a travaillé d'arrache-pied pendant six ans. Un travail de recherche laborieux avec ses moments de bonheur et aussi ses incertitudes, mais jamais la motivation de ce staff de choc n'a cédé à la lassitude ni au désespoir puisqu'il disposait d'un soutien financier et logistique conséquent fourni principalement par la Fondation Recherche & Développement dépendant de l'Office chérifien des phosphates.

Aujourd'hui, le Professeur Maazouzi ne cache pas sa fierté et explique qu'il ne reste plus à faire que quelques tests pour que ce coeur devienne totalement implantable sur un corps humain, sans complications aucunes.

''Nous venons de terminer les tests in vitro, qui ont prouvé que le prototype remplit bien les conditions de fonctionnement. Nous effectuons actuellement des tests in vivo. Une fois la conformité établie avec le cahier des charges international, qui demande notamment un débit et une durée d'autonomie précis, nous pourrons penser à la transplantation pour remplacer définitivement un coeur fatigué ou palier l'attente d'une greffe'', précise-t-il.

Dans une déclaration à la MAP, le professeur Maazouzi tient cependant à souligner que la véritable prouesse n'est pas seulement que technique mais elle est surtout humaine, une belle démonstration de l'esprit d'équipe et du savoir-faire marocain. Par cette précision, pour ne pas dire mise au point, le professeur s'adresse à certains commentateurs qui se sont focalisés sur l'aspect technique de la chose.

Ceci dit, les malades marocains souffrant d'insuffisance cardiaque peuvent désormais espérer un jour bénéficier d'une transplantation grâce à ce coeur artificiel en attendant une éventuelle greffe.

Le Professeur Maazouzi a relevé toutefois deux difficultés: Il s'agit premièrement de trouver une entreprise qui veuille fabriquer, commercialiser et assurer le service après vente de ce coeur artificiel. Deuxièmement, le coût excessivement cher de ce coeur qui pourrait être proposé au Maroc à partir de 300.000 DH. Un prix qui reste quand même nettement moins prohibitif que celui des prototypes implantés aux Etats-Unis qui coûtent entre 1 et 2 millions de dirhams.

Néanmoins, il reste toujours pour nos brillants chirurgiens et chercheurs la fierté d'avoir accompli l'exploit et comme, il y a quelques années, la réalisation d'un coeur artificiel typiquement marocain était de l'ordre des chimères, il est permis aujourd'hui d'espérer que sa transplantation devienne aussi réalité. Autre exploit et non des moindres, celui réalisé par le Professeur Chakib Aït Benhamou, un chirurgien au service d'otorhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale à l'hôpital 20 août, qui a permis à un patient souffrant d'une grave complication, survenue suite à une opération du cancer du larynx, de retrouver l'usage et le goût de l'alimentation par voie normale alors qu'il ne pouvait plus s'alimenter sans que la nourriture ne s'échappe par sa gorge.

Cette prouesse chirurgicale, réalisée le 16 août dernier, a consisté en le remplacement d'une perte de substance du pharynx et de l'oesophage cervical sur une longueur de 15 cm par ascension de l'oesophage cervico-thoracique saturé à la base de la langue reconstituant une filière digestive.

Aujourd'hui, le bénéficiaire de cette première mondiale, M. Mohamed Ouhdani, a repris une activité normale, assure le professeur Aït Benhamou, avant d'indiquer à la MAP que son patient miraculé poursuit toujours des séances de rééducation pour la production de la parole à partir de la filière digestive constituée avant de rejoindre sa famille complètement guéri à Beni Mellal.

Depuis cette opération qui a eu un large écho à l'étranger, le service d'oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale à l'hôpital 20 août est devenu très sollicité. Quelques jours seulement après l'opération, 4 patients belges ont postulé pour une éventuelle prise en charge, parmi lesquels un MRE, âgé de 30 ans et qui pèse à peine 30 kilogrammes.

En plus de ces patients, le professeur cite le cas de 2 autres malades français et d'une Marocaine opérée à Paris en août et rapatriée au pays pour une prise en charge dans son service.

Ces exploits et tant d'autres possibles à l'avenir montrent d'évidence que nos médecins n'ont rien à envier à leurs confrères en Occident, du reste choyés par leurs pays riches et les grands laboratoires pharmaceutiques. Nos médecins, avec les moyens du bord, ont su prouver au monde qu'ils sont capables de faire des miracles. Ils ont la compétence, le savoir et l'abnégation d'Hippocrate comme ce médecin de l'antiquité grecque l'a si admirablement immortalisé dans son serment.

Aujourd'hui, nos médecins ont la reconnaissance nationale et, mieux encore, internationale. Reste à les entourer de toute l'attention et les incitations nécessaires.

Rachid Sami
Source : MAP

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