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Maroc : Plus de 10 000 enfants vivent dans les rues. Zoom sur un fléau en croissance

Ils y auraient 10 000, 20 000 voire 30 000 enfants qui errent sur l’ensemble du territoire marocain. Selon l’ONG Bayti, basée à Casablanca (et présidée par Najat M’jid), environ 5 000 enfants vivent dans les rues de la capitale économique du pays, Casablanca.

Transition démographique, exode rural, pression sociale,…Autant de facteurs aggravant d’un phénomène social qui inquiète. Au point où Nezha Skalli, ministre de la Famille, de la solidarité et du Développement Social vient de présenter son plan «Tolérance 0», en matière de…tolérance pour tous enfants vivant dans la rue. Sans famille responsable et sans une inscription obligatoire à l’école (obligatoire jusqu’à l’âge de 15 ans).

«Notre plan d’action cible les enfants de la rue et les enfants qui vivent dans la rue. En effet, il y a deux catégories de populations. Primo, les mineurs qui ne peuvent plus compter sur la cellule familiale, génératrice d’équilibre et de stabilité. Et, secundo, les enfants qui optent pour la rue afin d’échapper à toute forme de règle. A l’horizon 2010/ 2012, notre objectif est de réduire au maximum le nombre de mineurs laissés pour compte», nous confie Nezha Skalli.

Comment ? «Au travers de plans d’actions ciblées et menés en collaboration avec les différents services de l’Etat et en partenariat avec le réseau associatif. Tous les moyens, efforts et énergies doivent être destinées à s’attaquer de front à ce fléau», ajoute-t-elle.

Du côté des acteurs associatifs, on se montre plus prudent et réservé. «Malgré la prise de conscience de ce fléau, et au plus haut sommet de l’Etat, avec la reconnaissance de la problématique, le chemin est encore long et le combat de tous les instants», indique Rachid Ajidar, éducateur de rue à l’association Bayti.

Selon ce dernier, le nombre d’enfants qui se retrouvent dans la rue, du jour au lendemain, est en pleine croissance. «Les causes sont multiples. La démission des parents, la pression sociale, l’abandon pure et simple de l’enfant par les parents, les mères célibataires,… La rue est devenue un espace ouvert pour des enfants de plus en plus jeunes et vulnérables», dit-il.

Ahmed Tachfine, en charge de la coordination en milieux ouverts à la structure Bayti, déplore le manque de moyens humains (et matériels) pour faire face à cette rupture sociale. «Au sein de gare routière Ouled Ziane à Casablanca, nous assurons une présence physique auprès de ce public en détresse avec un espace accueil. Il nous permet de retrouver les enfants tous les jours, nous leur proposons un petit déjeuner et des vêtements. Cependant, nous souhaiterions offrir un encadrement plus large à ces mineurs qui en ont énormément besoin. Pour certains, ils nous considèrent comme des membres de leur famille», précise Ahmed Tachfine.

Rencontrés aux abords de la gare routière, Rachid, 14 ans à peine, exprime les raisons qui l’on conduit à vivre dans la rue, depuis 2 ans. «Ma mère a décidé de se remarier et son mari lui a imposé de ne pas m’avoir à sa charge. Dès lors, la seule option était la rue. Parfois, je rencontre ma mère, elle me remet de l’argent, des vivres,…Mais cela ne compense en rien, les sentiments», lâche-t-il sur un ton chargé d’émotions.

Rachid, comme des dizaines de milliers d’enfants, souhaite évoluer au sein d’un foyer, où amour rime avec chaleur humaine. Est-ce un luxe, un privilège, pour un enfant que de vivre auprès de ses parents ? Les enfants doivent-ils être pris en otage par des personnes irresponsables ? Le tout au nez et à la barbe d’un Etat ?

Rachid Hallaouy
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