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Société : Quelle place pour les filles-mères au Maroc ?

Selon une étude récente menée par l’association marocaine de planification familiale, environ 600 femmes ont recours quotidiennement à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) sur l’ensemble du territoire national.

Cependant, qu’en est-il de celles qui décident de mettre un terme à leur grossesse via des circuits informels ? Combien sont-elles ? Praticiens, organismes institutionnels, opérateurs associatifs,…Ils ont pour dénominateur commun l’assurance que le nombre réel est bien plus supérieur.

«Il est extrêmement délicat d’avancer un chiffre qui se rapproche de la réalité. Pour ma part, et au travers de l’action associative, nous essayons d’attirer l’attention de la société pour une prise de conscience de cette réalité sociétale. Arrêtons l’hypocrisie ! Des femmes souffrent tous les jours du rejet de leur famille, du regard méprisant de la société. Etre femme et avoir un enfant hors mariage ne doit pas donner à des tragédies humaines et sociales», indique Aicha Ech-Channa, présidente de l’association Solidarité féminine.

L’absence d’information en matière d’éducation sexuelle auprès des jeunes (et des moins jeunes) est au centre des préoccupations de la responsable associative. «Tous les acteurs de la société doivent orienter leur effort en faveur d’une meilleure compréhension afin de lever les tabous et créer le débat. Il ne s’agit pas de heurter ou encore de provoquer, mais de s’exprimer librement sur un sujet déjà sensible et complexe», poursuit Aicha Ech-Channa.

En clair, sortir «du bois» et des schémas culturels préétablis. La société marocaine est-elle prête à lever le voile sur cette réalité ? Difficile à croire. Que faire alors ? Accélérer le cours de l’histoire ? Provoquer des populations vulnérables? Dans ces cas précis, ne serait-ce pas la meilleure manière de faire le lit des courants radicaux ?

Des courants d’idées très présents au Maroc ? «Il faut être particulièrement adroit. Les mouvements islamistes sont très actifs pour jeter tous discrédits à toutes actions destinées à accompagner et encadrer les femmes qui ont eu un enfant hors mariage. Ils nous accusent d’encourager et de soutenir la prostitution. Ont-ils oublié que ces personnes ne sont pas toutes des professionnels du sexe ? Que ceux sont des êtres humains ? Que pour avoir un enfant, il faut être deux. Pourquoi le femme est la seule à subir la foudre» dit-elle.

Du côté des formations politiques, c’est le calme plat. Certainement, un sujet trop embarrassant et électoralement à risque. Une situation qui doit évoluer afin d’enrayer la machine à exclusion.

Rachid Hallaouy
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