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Presse gratuite au Maroc : Parce que je ne vaux rien !

Ambitieuse, pleine d’assurance, moderne, consciente du rôle qu’elle peut jouer dans la construction de la démocratie, la presse gratuite donne pourtant des frissons à la presse payante marocaine. Les professionnels de ce dernier secteur allant jusqu’à la qualifier de « menace ». Rappel des faits.

Tout porterait à croire que la presse gratuite représente une brebis galeuse dans le troupeau journalistique. Les récentes déclarations virulentes de Khalil Hachimi Idrissi, Président de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ), aussi directeur de publication d’Aujourd’hui le Maroc, laissent sans voix, à défaut de faire sourire. Ainsi, « La presse gratuite constitue une concurrence déloyale qui risque à très court terme de fragiliser la presse payante comme cela a d'ailleurs été le cas et à des degrés divers dans des pays, notamment en France ». Mieux encore, « Nous ne croyons pas que le modèle de la presse gratuite soit aujourd'hui une réponse aux problèmes profonds et récurrents de la presse au Maroc. Bien au contraire, nous pensons que la presse gratuite est un facteur de déstabilisation de notre secteur qui est si vital pour la construction d'une réelle démocratie et d'une opinion éclairée ».

Interrogé à ce sujet, Abdelhak Sedrati, Fondateur du journal gratuit Au Fait, nous livre un témoignage moins agressif. Selon ce dernier, la parole revient d’abord au lecteur. « C’est à lui de juger », confie-t-il. Resituons le contexte. L’essence même de la presse gratuite est une variable de deux constats. D’abord, se libérer de la vente. Quand le prix de vente ne permet pas de rentabiliser le projet, un problème se pose. D’autre part, il semblerait que l’idée de journal gratuit constitue un « blocage » chez les anciens de la FMEJ. Cette dernière, dans ses statuts, émet une clause qui pourrait être sujet à polémique : Un journal ne peut bénéficier de subventions que s’il est édité depuis plus de deux ans. Quand, au Maroc, bon nombre de secteurs tentent de hisser la jeunesse, et d’encourager la création d’entreprise, la FMEJ semble vouloir fermer toute initiative privée.

Une question mérite tout de même d’être posée : Le poids de pareilles déclarations, aussi hostiles soient-elles, sont-elles en réelle corrélation avec l’importance et la place qu’occupent la FMEJ dans le paysage journalistique ? Pour info, cette dernière n’a pu avoir de siège à la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), à l’instar de la Fédération marocaine des médias (FMM), Présidée par Kamal Lahlou. Cette dernière apparaît largement comme plus représentative de tous les supports médias (radio, T.V., presse écrite) qu’ils soient payants ou non. En somme, les déclarations du Président de la FMEJ ne constituent rien de plus qu’une « insulte à tous les journalistes qui travaillent », comme l’explique Abdelhak Sedrati. Monsieur Hachimi Idrissi est bien entendu cordialement invité à visiter les rédactions de la presse gratuite, le temps de se faire une idée de ce qu’il appelle des « journaux sans journalistes ».

Kenza Zerrad
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