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Affaire Belliraj. Polémique autour des premiers aveux.

Nouveau rebondissement dans l'affaire Belliraj. Une fuite dans le dossier d'instruction révèle les aveux des principaux accusés. A qui la faute ?

Affabulations. Mustapha Rarnid ne mâche pas ses mots. C'est ainsi que ce membre du comité de défense des politiciens mis en cause dans «l'affaire Belliraj» a qualifie les propos prêtés aux cinq accusés et relatés, dans les détails, par la presse en ce début de semaine. «Publier des informations relatives à ce dossier, alors que la justice n'a pas encore statué sur l'affaire, est illégal. Tout comme l'est la publication des photos des personnes mises en jugement. La loi est claire là-dessus», affirme M. Ramid. Quoi que n'adoptant pas une position aussi tranchée, Khalid Soufiani, un autre membre du même comité de défense, souligne que «c'est une atteinte aux droits des personnes concernées par l'affaire». «C'est une campagne bien orchestrée pour justifier l'injustifiable», dit-il. Khalid Soufiani fait notamment référence aux «pratiques illégales» que, selon ses dires, Mostapha Moâtassim, Amine Ragala, Mohamed Merouani et les autres auraient subies depuis leur détention. Pour Maître Ramid, les «révélations» du dossier publiées dans la presse viennent s'ajouter aux déclarations par lesquelles le ministre de l'Intérieur Chakib Benmoussa avait déjà «condamné les mis en cause avant même que le processus judicaire ne soit enclenché».

Pour l'heure, si les deux avocats ont récusé l'acte, avec une acuité différente, ils sont partagés quant à ses répercussions sur le cours de la justice. M. Ramid affirme que «cela va certainement influer le cours de la justice ainsi que l'opinion publique pour laquelle desimpies allégations ont été présentées comme des faits vérifiés et incontestables». Pour K. Soufiani, «c'est d'une éventuelle influence de l'exécutif que l'on devrait avoir peur. Pour ces publications, elles vont certes présenter l'affaire devant l'opinion publique sous un angle fallacieux, mais elles ne supposent pas pour autant une influence sur le cours du procès».

Cela, d'autant que les faits relatés concernent une «époque aujourd'hui révolue», précise M. Ramid. Les déclarations publiées concernent, pour la plupart, des faits qui remontent à l'année 1992. «Ils sont antérieurs à la décision d'amnistie générale de 1994», souligne Soufiani qui poursuit : «On ne peut donc rien leur reprocher de cela», Pour Ramid, les six dirigeants politiques ont suivi des parcours différents depuis 1995, et ont définitivement abandonné ce genre d'activités.

Le département de la Justice se dit, quant à lui, ne pas être concerné par cette fuite d'informations. Evoquant l'indépendance de la justice, Abdelwahed Radi affirme que «c'est une affaire qui relève des magistrats, du Barreau et des mis en cause et ne concerne en rien le personnel du ministère».

Un autre fait que les deux membres du comité de defense tiennent à souligner, c'est que l'on ne peut pas encore prouver que ces propos sont vraiment ceux de leurs clients. Les cinq détenus
se sont, en effet, refusés à toute déclaration devant le juge d'instruction. Les faits relatés dans la presse ont donc été puisés dans l'ordonnance de renvoi établie sur la base des déclarations devant la police judiciaire. Déclarations qui, précise K. Soufiani, n'ont pas valeur de preuves mais de simple document d'appui.

Pour le moment, l'avis des intéressés n'est pas encore connu et encore moins leur réaction. Le comité de défense, en réponse à une interdiction de visite collective, ne s'est pas entretenu avec les détenus depuis au moins quatre semaines, précise K. Soufiani. «Nous sommes en train de nous concerter sur la question, nous allons en référer aux intéressés au cours de cette semaine avant de réagir. Nous n 'avons pas encore décidé de la nature de la réaction, mais ce sera certainement un communiqué qui sera adressé à l'opinion publique», précise M. Ramid.

Ce que les six auraient déclaré

Selon la note de renvoi des six détenus politiques. Mustapha Moâtassim aurait donné son accord, en 1992, à Abdelkader Belliraj pour l'acquisition d'arme a feu pour alimenter l'aile militaire du mouvement de l'Option islamique. Cela, dans le but de monter un coup d'Etat et de renverser le régime. Mohamed Merouani aurait, quant à lui. déclaré avoir mis en place, avec M. Moâtassim et Mohamed Lamine Ragala, cette aile militaire du mouvemen islamiste entre 1988 et 1990. Il aurait également préparer pendant la même période l'attaque d'un fourgon de transport de fonds et fomenté une opération d'infiltration du corps de la police.

Ragala aurait également confirmé, pour sa part, avoir reçu des orientations de Moâtassim pour attaquer- un centre commercial pour les besoins en fonds de sa cellule. Mais l'opération aurait échoué selon les propos qui lui sont prêtés. L'autre mis en cause, Maalaïnine Labadla, aurait quant à lui déclaré connaître A. Belliraj depuis 1987 et que M Merouani lui aurait demandé d'acquérir des bombes psychotropes pour les utiliser dans d'éventuelles attaques.

En dernier. Abdelhafid Serriti le cinquième détenu dans l'affaire (correspondant de la chaîne Al Manar), aurait affirmé avoir monté, toujours dans l'objectif de trouver des fonds et sous la supervision de M. Merouani une opération d'attaque d'un bureau de la régie de distribution d'eau et d'électricité à Rabat. L'operation aurait été finalement annulée. Il aurait également confirmé l'existence de liens entre les cinq mis en cause et des Marocains de Belgique, à leur tête Abdelkader Belliraj, qui œuvraient pour les mêmes finalités.

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Tahar Abou El Farah
Source: Le Soir Echos

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