Menu

Agressée parce qu'elle « portait le voile »

Agressée parce qu'elle « portait le voile »

« Elle s'est réfugiée dans le magasin, toute tremblante, avec ses blessures au visage et au bras. Je trouve honteux qu'on l'a agressée seulement parce qu'elle portait le voile. Même si on n'est pas d'accord, c'est sa liberté », dit Corinne, la chef caissière du supermarché Atac de l'avenue Aristide-Briand à Mulhouse. C'est elle, mercredi à 10 h 15, qui a appelé la police et les pompiers. Ces derniers ont ensuite transporté la blessée, Ouarda Bouatti, 39 ans, mère de cinq enfants, à la clinique Saint-Sauveur. Les radios ont montré que, heureusement, elle ne présentait pas de fracture au bras ni au visage. Avec le certificat médical concluant à trois jours d'incapacité totale de travail, la victime a porté mercredi soir au commissariat central de Mulhouse.

Appel à témoins

« J'allais acheter du pain chez Atac. J'entrais à pied sur le parking du côté du rond-point. Deux gars de 25-30 ans sont venus vers moi. J'ai pensé qu'ils allaient me demander un renseignement », nous a raconté Ouarda Bouatti chez elle, dans le quartier de la Cité à Mulhouse, hier matin. Suite de son récit : « L'un m'a dit : "Tu te rends compte des problèmes que tu fais en France avec ta merde sur la tête ? " Il m'a porté des coups de poing au visage et m'a cogné la tête contre le mur. L'autre l'a excité et lui a donné un bâton avec lequel il m'a frappée au moins six fois. J'ai mis mon bras gauche en l'air pour me protéger le visage. Grâce à ma doudoune, je n'ai pas eu de fracture. Quand j'ai pu prendre la fuite, ils m'ont crié que la prochaine fois, ils me flingueront sans prendre la peine de descendre de leur voiture. » Elle dit aussi que pendant l'agression, des voitures sortant du parking du magasin vers le rond-point sont passées devant eux sans s'arrêter. Le service de quart au commissariat central de Mulhouse (tél. 03.89.60.83.41.) lance un appel à ces témoins et à toute personne pouvant permettre d'identifier les deux agresseurs, qui n'avaient pas d'accent, avec des cheveux « gras pas coiffés », et l'un avec un pantalon clair. Cette femme aujourd'hui très traumatisée, née à Mulhouse, de nationalité française et d'origine algérienne, assure qu'elle n'a rien d'une islamiste et qu'elle est parfaitement intégrée. Elle indique que cela fait seulement six semaines, depuis le dernier ramadan, qu'elle porte le foulard, parce qu'elle trouvait belles d'autres femmes qui le portent. « Maintenant, si je ne porte plus le voile, je donne raison à mes agresseurs. Mais en même temps, j'ai cinq enfants et je ne peux pas jouer avec leur avenir. Je me dis que je garde ma fierté même en ne le mettant pas le foulard », dit-elle.

Jean-Marie Stoerkel
Source: Alsace Presse

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com