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Le Maroc n'est pas prêt pour affronter les catastrophes climatiques

La température dans notre pays augmentera, les vagues de froid pendant l'hiver suivront la tendance. Les écarts se feront plus importants. Le Maroc subit de plein fouet le changement climatique et ses impacts mais nos autorités tardent à réagir.

Attention au thermomètre, il flambe, cet été. Dès aujourd'hui une canicule envahira le Maroc, pour s'y installer jusqu'à samedi. Les températures prévues sont importantes. Elles oscillent entre 40 et 47 degrés pour le Souss, El Haouz, les plaines du Saïs et de Tadla. Les villes tout autour des côtes né seront pas épargnées. Elles auront droit à une hausse de température allant de 30 à 35°. Dans les autres régions de l'intérieur, le thermomètre atteindra 40°. C'est une vague de chaleur spectaculaire que nous annonce le Centre national de l'exploitation météorologique. Ce dernier tient toutefois à rassurer les citoyens qu'il ne s'agit là que d'un phénomène local connu sous le nom de «chergui». «Ce sont des remontées de masses d'air sec et chaud qui, une fois la chaîne de l'Atlas dépassée, arrivent plus sèches et plus chaudes», explique Mohammed Bellouchi, responsable de ce centre. Ce qui n'est pas normal dans cette vague de chaleur, c'est qu'elle dépasse la moyenne saisonnière de 10%. Et là, c'est de changement climatique dont il est question. Canicules, tsunamis, tempêtes, ouragans, le phénomène est mondial. Le Maroc, logique oblige, encaisse le coup depuis des années dans le silence absolu. Les scientifiques marocains dénoncent ce mutisme et soulignent, à l'unanimité, l'urgence pour notre pays de prendre les choses au sérieux au lieu de se camper dans l'indifférence. «Il y a un choix et un choix politique à faire, Lorsque le département de l'Environnement annonce la réduction des ressources en eau et que celui du Tourisme fait part de son intention de développer les infrastructures pour accueillir plus de touristes, eh bien, il y a là un paradoxe. Je ne comprends pas où on va, quelle voie compte prendre le Maroc», se demande le Dr. Mohammed-Saïd Karrouk, professeur de climatologie à la faculté des lettres et des sciences humaines de Ben M'Sick (Université Hassan II - Casablanca). Ce spécialiste est d'ailleurs l'initiateur d'une journée d'étude qui a lieu, aujourd'hui même à la faculté.

On y ouvre un débat sur le changement climatique et ses impacts sur le Maroc. «La cherté de la vie, la hausse du prix du baril de pétrole, la diminution des ressources en eau... Tout ce que nous vivons aujourd'hui est directement lié au changement climatique, précise l'organisateur de cette journée d'étude, à travers laquelle la communauté des spécialistes marocains compte tirer la sonnette d'alarme pour rappeler au gouvernement que rien n'a encore été décidé pour prévenir la catastrophe. On ne peut pas dresser un barrage pour éviter le changement climatique, mais par contre on peut limiter les dégâts. «Dans l'immédiat, la meilleure façon est d'opter pour la sagesse, au lieu de l'ingénierie pour limiter la pression», recommande le directeur du laboratoire environnement, population et développement durable, Abdelmalek Seloui. Pour ce professeur universitaire de Mohammedia et expert auprès de la Banque mondiale, le choix, par exemple, d'utiliser les eaux usées pour répondre aux besoins (le l'irrigation est une formule qui s'intègre dans cette «sagesse», à laquelle appellent les spécialistes. «Imaginons que Casablanca n'ait plus une goutte d'eau. Eh bien, en 30 minutes, toutes les bouteilles d'eau minérales seront écoulées. C'est très sérieux !», lance cet expert en connaissance de cause. Le Maroc n'a pas de vision claire de ce que pourrait générer le changement climatique et c'est ce qui accroît l'ampleur du problème en le plaçant, actuellement, dans la zone du stress.

Des récoltes de blé précoces, des tomates toute l'année, des fruits qui atterrissent dans nos marchés avant l'heure. Un seul point commun: le changement climatique. «Si rien n'est fait, c'est notre sécurité alimentaire qui en paiera le prix en premier. La menace est très grande pour nos ressources et notre agriculture, dont la cyclicité change au gré du climat. Et avec cette chaleur qui continuera de monter, les céréales réputées fragiles vont encaisser le coup. Avec l'exploitation continue des ressources naturelles et l'élargissement du tissu urbain, nous courons à la catastrophe», préviennent ces spécialistes. L'alerte est donnée, reste à attendre la suite que lui donnera le gouvernement.

Plus chaud, plus froid

Dans une étude effectuée par la Direction de la météorologie nationale (DMN), des types d'indices de changement climatique relatifs aux températures et aux précipitations, il ressort que des tendances significatives ont eu lieu ces 45 dernières années. Les précipitations nationales annuelles accusent une diminution et les printanières ont baissé d'environ 40% depuis les années 60. Selon la DMN, la durée maximale de sécheresse intra annuelle a augmenté d'environ 15 jours alors que les températures moyennes ont enregistré une augmentation de l'ordre de 0,16°C par décennie. Les températures maximales descendent de moins en moins en dessous de 15°C et les vagues de froid deviennent moins fréquentes en moyenne. En terme de projections futures, indique la même source, les températures moyennes augmenteront de 2 °C à 5°C suivant les scénarios vers la fin du siècle. A partir des travaux de downscalling dynamique réalisés à la DMN, il s'avère que l'augmentation serait plus modérée à l'ouest du pays qu'à l'est.

Leïla Hallaoui
Source: Le Soir Echos

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