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Al Jarida Al Oula en justice pour avoir publié des témoignages sur les années de plomb

La justice marocaine a été appelée mercredi à trancher dans une affaire touchant des témoignages sur la dure répression politique pendant les "années de plomb" (1960-1999) sous le roi Hassan II.

Le président du Conseil consultatif des droits de l'Homme (CCDH, public) Ahmed Herzenni a saisi la justice pour stopper la publication de ces témoignages par le quotidien Al Jarida Al Oula dirigé par Ali Anouzla.

Le tribunal de première instance de Rabat rendra son jugement jeudi, a annoncé le président de la cour.

Ces témoignages n'avaient pas été retransmis directement à la télévision et à la radio nationales comme l'avaient été des déclarations d'autres anciennes victimes de la répression en décembre 2004, organisées par une commission de vérité, l'Instance équité et réconciliation (IER) dissoute en novembre 2005).

Les textes publiés par le quotidien, transcrivaient des témoignages devant cette commission.

Une fois l'IER dissoute, Mohammed VI avait chargé le CCDH de gérer la mise en oeuvre de ses recommandations, ainsi que l'utilisation de ses archives.

"Il n'existe aucun texte, aucune loi qui confère un caractère secret aux documents publiés par Ali Anouzla", a affirmé l'avocat du journal Me Hassan Semlali.

"Le CCDH lui-même affirme que ces documents pourraient être consultés par des +chercheurs sérieux+, confirmant ainsi qu'ils n'avaient rien de secret", a ajouté l'avocat.

Le CCDH a eu recours à la justice en faisant valoir une loi sur les archives, même si les décrets d'application n'ont pas encore été promulgués. Cette loi stipule que le délai pour la libre communication peut aller de 30 ans à un siècle.

"Nous avons fait appel à la justice pour obtenir que cesse la publication de témoignages devant constituer une matière féconde pour des chercheurs sérieux, et non pas un objet de concurrence entre journalistes haletant derrière des scoops", avait déclaré le président du CCDH Ahmed Herzenni dans un communiqué.

Il avait également fustigé "la bassesse morale" de certains journalistes".

L'avocat Abderrahim Jamaï a informé le juge que le journaliste "se réserve le droit de poursuivre le CCDH en justice concernant les attaques de M. Herenni".

"Je tiens à mon droit de continuer à publier des témoignages sur cette période de l'histoire du Maroc", a déclaré à l'AFP M. Anouzla, directeur d'Al Jarida Al Oula, et ancien directeur du bureau du quotidien arabe Acharq Al Awsat à Rabat.

Son journal avait notamment publié des témoignages d'Abdelhadi Boutaleb (ancien conseiller du roi Hassan II) et de Khelli Henna Ould Errachid (notable sahraoui).

Si la cour décidait de juger en faveur du CCDH, Ali Anouzla devrait payer une amende s'il ne respecte pas la sentence, a indiqué l'un des avocats du journaliste.

Source: AFP

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