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Incendie de Casablanca. El Fassi à la barre ?

Le comité de défense des victimes demande à ce que la Primature, en sa qualité de représentant de l'Etat, s'explique sur les véritables raisons du drames.

C'est demain mercredi que le procès sur l'affaire du tristement célèbre incendie de l'usine Rosamor s'ouvre de nouveau. Réunis au sein d'un comité de défense, les avocats des familles des victimes y pointeront du doigt l'Etat marocain. A commencer par la Primature, en sa qualité de représentant de celui-ci. «Les premiers éléments de l'affaire démontrent qu'il y a eu des manquements de la part de nombre de départements de l'Etat. Si les représentants locaux de ces derniers s'étaient acquittés convenablement de leurs missions, le drame aurait certainement été évité», dit maître Saïd Benhmani, avocat au barreau de Casablanca et président du comité de défense précité.

De même, les représentants de trois ministères (Finances, Intérieur, Emploi) devront également être présents à l'audience. Ainsi en a décidé le juge chargé de l'affaire au Tribunal de première instance de Casablanca, accédant par là même à une demande du comité de défense. Le tribunal a également décidé de convoquer des représentants des autorités locales de la ville de Casablanca. Il s'agit notamment de responsables à la Wilaya, du commandant régional de la protection civile et du délégué régional de l'inspection du travail. Les directeurs de Lydec et d'une compagnie d'assurance de la place figurent également parmi les personnes convoquées. «De nombreuses erreurs ont été commises, aussi bien au niveau des mesures de sécurité dans l'usine que dans la gestion proprement dite de l'incendie. Et tous les intervenants sur ces deux volets doivent répondre de leurs manquements», affirme maître Benhmani, à la tête d'un comité de solidarité composé de nombreux syndicalistes, de militants des droits de l'Homme et de représentants de la société civile. Cette convocation ne change en rien les chefs d'accusation pour lesquels le propriétaire de la fabrique, Abdelali Moufarreh, et son fils Adil (gérant) sont poursuivis (absence des conditions de sécurité nécessaires à la préservation de la vie des salariés, homicides et blessures involontaires et non-assistance à personnes en danger).

Mais du côté de la famille Moufarreh, un léger soulagement est d'ores et déjà palpable «Que les familles des victimes demandent des comptes à l'Etat est la preuve que la responsabilité dépasse de loin les simples personnes de mon père et mon frère», dit Amine, fils de Abdelali Moufarreh. «Je reste cependant convaincu que si les pompiers étaient arrivés au bon moment, et munis des équipements appropriés, nous n 'aurions pas eu autant de morts», nous a-t-il affirmé. Et d'expliquer que les sapeurs-pompiers n'étaient sur les lieux que deux heures et demie après que l'alerte a été donnée par son père. Le premier camion arrivé ne disposait pas d'échelles. Il aura fallu attendre plusieurs heures avant qu'un deuxième camion n'arrive en provenance de Settat. Autre problème, l'eau, qu'il aura fallu tirer d'une distance de 800 mètres et donc sans grande pression. «Le pire, c'est que ce ne sont pas les pompiers, mais des maçons qui travaillaient dans un chantier voisin qui ont sauvé les ouvriers en brisant un mur et en ayant le courage d'entrer dans l'usine», a-t-il relaté. En attendant que la Justice dise son mot, et en commémoration du quarantième jour du décès des 55 victimes de cet incendie, l'AMDH entend, le même mercredi, monter au créneau pour dénoncer les causes, directes et indirectes, ayant entraîné cet incendie. Le bureau central de l'association a décidé d'observer un sit-in. D'autres activités sont également attendues notamment à Rabat, où un autre sit-in est prévu, et à Salé.

Tarik Qattab
Source: Le Soir Echos

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