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La future mosquée de Créteil entre jalousies et polémiques

Créteil veut bâtir une cathédrale aux musulmans

Largement accepté, ce vaste projet de mosquée bute sur des problèmes de financement que dénonce la mairie.

C'est un beau monument, blanc, moderne, vaste (2 200 m2), doté d'un sculptural minaret et d'un dôme, à quelques mètres d'un lac. Si la mosquée de Créteil voit le jour, elle vaudra la visite. «C'est un vrai projet architectural qui va embellir le cadre urbain», affirme Laurent Cathala, maire PS de la commune. «Nous avons fait appel à trois cabinets d'architectes, raconte Karim Benaïssa, président de l'Union des associations musulmanes de Créteil, porteuse du projet. Et le projet que nous avons retenu a fait l'unanimité de l'équipe municipale, des musulmans, des cristoliens...»

Dans ce concert, quelques voix discordantes se sont toutefois fait entendre. A Créteil comme ailleurs, le projet de construction d'une mosquée fait polémique. Parmi les habituels opposants, les riverains, qui craignent une «dépréciation de leur patrimoine». Et pronostiquent qu'un tel monument va drainer des musulmans de toute la région parisienne, occasionnant des difficultés de circulation et de stationnement. L'édifice comprend un hammam et un salon de thé et devrait également attirer des visiteurs non musulmans. L'opposition municipale, elle, est d'accord avec le projet mais l'aurait plutôt vu ailleurs. Dans un endroit moins résidentiel : «Sur la ZAC (Zone d'aménagement concerté, ndlr) de la Pointe du Lac», s'indigne Benaïssa.

Officiellement, les autres religions sont très favorables à cette construction. Dans le journal municipal, catholiques et juifs saluent le projet. En réalité, la qualité de la réalisation susciterait des jalousies. «Les catholiques me disent : "On a construit la cathédrale il y a trente ans, à une époque où il fallait que les édifices se fondent dans le paysage architectural urbain. Aujourd'hui, elle est trop modeste par rapport à la future mosquée", rigole Laurent Cathala. Les juifs me disent : "M. le Maire, la mosquée va être plus belle que la synagogue."»

Pour que ce projet voie le jour, la municipalité n'a pas ménagé ses efforts (lire ci-contre). Mais les musulmans non plus. «Le terrain appartenait au conseil général, nous l'avons sollicité pour qu'il le cède à la ville pour un euro symbolique», raconte Karim Benaïssa. Celle-ci le mettra gratuitement à la disposition des musulmans sous forme de bail emphytéotique. «Depuis bientôt deux ans, nous avons organisé des collectes sur les marchés, partout... continue Karim Benaïssa. Et nous avons réussi à collecter un million d'euros, dont plus de 200 000 pendant le mois de Ramadan.» Le coût total du projet est estimé à 4 millions d'euros, la mairie en apporte un, manque... deux. «C'est beaucoup, reconnaît le responsable musulman, mais maintenant que les gens voient les choses se concrétiser, ils vont peut-être continuer à donner.» En dernier recours, continue-t-il, «on fera appel aux banques» ou «on reverra le projet à la baisse».


Source: Libération

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