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Mohammed VI gracie Bougrine et ses camarades

Mohamed Bougrine recouvre enfin sa liberté. Le plus vieux détenu politique du Maroc (72 ans) a été gradé par le roi Mohammed VI, vendredi 4 avril, en début d'après-midi.

Une grâce spéciale, et donc inattendue puisqu'elle ne coïncide avec aucune fête religieuse ou nationale, prétexte généralement à ce genre de grâces royales. Mieux, Bougrine n'a pas été le seul détenu d'opinion à quitter la prison. 16 autres militants interpellés lors des manifestations du 1er mai 2007 ont également été graciés par Mohammed VI. Huit parmi eux étaient incarcérés alors que neuf personnes étaient poursuivies en liberté provisoire.

«Nous sommes soulagés et contents pour nos camarades libérés», s'empresse de déclarer Mohamed Boukili, membre du bureau central de l'AMDH, qui poursuit : «Cette libération est le résultat d'une longue campagne de solidarité nationale et internationale. La mobilisation n'a pas faibli tout au long de ces dernières semaines. L'Amdh a organisé une semaine de mobilisation en faveur des détenus du 1er mai et d'autres organisations comme Human Rights Watch et Amnesty International ont pris le relais à l'étranger», conclut le responsable AMDH.
Soit, mais au-delà de la mobilisation, n'y a-t-il pas d'autres éléments pour expliquer cette grâce soudaine et imprévisible ? Plusieurs hypothèses sont avancées mais deux semblent plus ou moins crédibles. Il y a d'abord la visite royale qui se prolonge dans la région de Beni Mellal, ville d'origine de Bougrine et de ses camarades. «Le roi ne pouvait quand même pas sillonner la région tout en ignorant qu'un vieux monsieur risque de périr dans une prison à quelques kilomètres du cortège ou de la résidence royale».
Puis, il y a le Conseil des droits de l'homme qui se tient cette semaine à Genève. Le Maroc, représenté par le ministère de la Justice, devrait y présenter son rapport sur la situation des droits de l'Homme au Maroc et aux questions des experts onusiens en la matière. «Maintenir ces gens en détention aurait été très mal vu par les experts des Nations Unies», explique un acteur associatif. Soit, mais reste-t-il des détenus d'opinion au Maroc, aujourd'hui? «Evidemment, répondce responsable de l'Amdh. Il reste les détenus sahraouis par exemple, en plus de quelques détenus islamistes».

Pour rappel, Mohamed Bougrine et ses camarades avaient été incarcérés au lendemain des festivités du 1er mai 2007. Ils ont été accusés d'avoir scandé des slogans qui portent atteinte à la famille royale et ont été condamnés à plusieurs peines de prison. «Cette libération peut également participer pour apaiser une tension sociale et économique devenue inquiétante, voire dangereuse», explique Mohamed Boukili.

Driss Bennani
Source: Le Soir Echos

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