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Fatiha Mejjati : "Il est évident que la France est une cible pour Al Qaïda"

Lundi 21 janvier 2008, la France a eu un réveil douloureux. En effet, à la Une du quotidien «Le Parisien» figurait un article intitulé «La France sera bientôt punie», dixit la «veuve noire» d’Al Qaïda. De fait, on s’attendait à des révélations fracassantes ou encore à de nouvelles informations précises sur le réseau Al Qaïda, au lendemain du démantèlement d’une cellule terroriste dans la banlieue de Barcelone. Malheureusement (ou plutôt heureusement), rien de tout cela. Le journaliste Jean Marie Ducos, auteur du «sombre» parchemin, s’est appuyé sur des propos tenus par Fatiha Mejjati, 47 ans et veuve de Karim Mejjati (auteur présumé des attentats de Madrid le 11 mars 2004 et abattu en Arabie Saoudite en avril 2005), lors d’une entrevue réalisée durant l’été 2007 et «rafraîchie» via un entretien téléphonique, ces jours derniers.

Installée à Casablanca, Fatiha Mejjati avec son fils Ilias (âgé de 15 ans) s’est montrée irritée par le qualificatif de «veuve noire» donné par le journaliste en question. «Que veut dire ce terme si ce n’est de mettre en relief ma dangerosité pour l’être humain» déclare Fatiha Mejjati. A la question (posée par le journaliste) à savoir quelle est la réalité de la menace contre la France ? Elle répondait «qu’elle est évidente. Le sanctuaire français n’existe plus. La politique étrangère de la France s’aligne sur celle des Etats-Unis. La France ne sera donc plus épargnée (…)». Sur quels éléments ou informations concrètes, s’appuie-t-elle pour mettre en garde la France ? Est-elle en contact avec des membres du réseau d’Oussama Ben Laden ? «Je ne suis pas en contact avec Al Qaïda. Pour preuve, je ne serais pas là, à Casablanca, au côté de mon fils, mais…ailleurs. Certes, mon lieu de résidence est sous surveillance 24h/24, ce qui est lourd à vivre au passage, mais ce n’est pas pour autant que des contacts existent avec Al Qaïda. Mes propos ont été motivés par ma propre lecture de la situation. Deux facteurs clés ne plaident pas en faveur de la France. Primo, sa présence militaire en Afghanistan. Secundo, l’alignement de Nicolas Sarkozy sur les positions de Georges W Bush». Autrement dit, n’importe quel néophyte est en capacité de tirer les conclusions identiques. Il est un secret de polichinelle de préciser que la France, l’Espagne, l’Italie ou encore le Pakistan sont sous la menace d’Al Qaïda et d’attaques terroristes ciblées. En clair, le journaliste Jean- Marc Ducos tend à jouer sur les peurs et Fatiha Mejjati puise une «légitimité» sur le fait d’avoir été l’épouse de Karim Mejjati, l’ancien pensionnaire de la nébuleuse terroriste.

Pourquoi Fatiha Mejjatri lance un appel à la France
Quand à son avertissement «la France sera bientôt punie», Fatiha Mejjati confirme ses dires, mais elle déplore une certaine instrumentalisation. «La France est menacée comme tous les pays qui font allégeance aux Etats-Unis. Le voyage de Sarkozy à Kaboul a provoqué un déclic. Al Qaïda tient toujours parole. Quand on fait la guerre, il faut s’attendre à recevoir la guerre. Lorsque Nicolas Sarkozy va en Arabie Saoudite, c’est pour vendre des armes contre les musulmans. Que la France s’occupe de la France», indique-t-elle. Une fois de plus, rien de nouveau. Si les conséquences de ces propos acerbes, violents, sont grandes, la «mise en garde» est-elle à prendre au sérieux ? Au point qu’un organe de presse sérieux en fasse sa Une en France?

Posée sur son sofa, Fatiha Mejjati regrette «l’instrumentalisation médiatique» faite à ses propos. «Si la France s’intéresse à la famille Mejjati, je lui demande de venir en aide à mon fils, Ilias, atteint de déformations hormonales et de troubles graves du comportement. Il a la nationalité française de part sa grand-mère paternelle et il est enregistré au Consulat de France. Il faut savoir que mon enfant a besoin d’un encadrement médical, les nombreuses attestations médicales en témoignent. Mais la France fait la sourde oreille. Dernièrement, on m’a déclaré que faute de budget, la France ne pouvait prendre en charge les frais engendrés par l’hospitalisation de mon fils. Que faut-il en déduire ? Ilias est un enfant de la France» dit-elle.

Selon les propos de Fatiha Mejjati et les rapports médicaux (conclus par l’association médicale de réhabilitation des victimes de torture et l’association de prévention des troubles de l’enfant de Casablanca), Ilias Mejjati, emprisonné en Arabie Saoudite (3 mois durant), puis «déporté» (terme employé par sa mère) au Maroc, à la prison de Temara a vécu «Un véritable calvaire». «Dans sa salle d’isolement, 16 néons étaient en permanence allumés, de jour comme de nuit. Quel traitement pour un enfant à peine âgé de 10 ans ? Coupable d’être le fils de son père. En outre, et c’est terrible, le Maroc a agi sous l’autorité des Etats Unis», dit-elle.
«Aujourd’hui, mon objectif, c’est la santé et le devenir de mon fils ainsi que de pouvoir faire mon deuil devant les corps de mon mari et de celui de mon fils, Adam . Après avoir perdu un premier enfant, torturé à mort en Arabie Saoudite pour le compte des Etats-Unis, j’aspire à ce que Ilias puisse être soigné. Je lance donc un appel aux ONG de l’Occident pour lui venir en aide. J’espère que je serai entendu» conclut-elle.

Rachid Hallaouy
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