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Prisons marocaines: L’enfer à barreaux

Un détenu est mort dernièrement dans la prison d’Oukacha, un autre s’est suicidé... Ce sont des prisonniers qui révèlent ces informations. Ils veulent ainsi dire combien est sinistre la vie carcérale au Maroc.

Détenu à la prison civile d’Oukacha, Abdenbi R, 22 ans, aurait rendu son dernier soupir le 8 janvier dans un cachot surnommé le frigo dans l’aile 4 de la prison civile d’Oukacha. Ses co-détenus se posent des questions sur les causes de son décès. Surtout qu’il aurait été emmené de force du quartier des mineurs où il purgeait sa peine à l’aile 8 (cellule numéro 9) vers l’aile 4. Cette « prison dans la prison » est considérée comme un véritable enfer. D’après certains détenus, Abdenbi ne se serait pas suicidé.

« Une enquête impartiale doit être ouverte pour faire éclater la vérité », réclament-ils. Et d’ajouter : « et quand bien même son suicide serait avéré, les raisons de son acte devront être connues. Surtout qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé ».

Un collectif de prisonniers estime qu’il y a eu l’année dernière plus d’une dizaine de morts dans la prison d’Oukacha. Un lieu de détention qu’on croyait pourtant humanisé et modernisé. Selon la même source, dans ce sinistre bilan, il y aurait eu au moins 4 suicides faisant suite à des rixes ou à des maladies. S’y ajoute le cas de KM. Ce dernier, se serait lui aussi donné la mort il y a quelques mois. Il aurait demandé plusieurs fois son transfert à Ouazzane près de sa famille, en vain. Condamné à une année et demie de prison dont il a purgé quatre mois, le jeune prisonnier semble avoir préféré mettre fin à sa vie, plutôt que de purger le reste de sa peine dans la prison casablancaise.

« Tous les cas de décès survenus dans l’univers carcéral sont suspects », insiste Jawad Skalli, directeur de l’Observatoire marocain des prisons. Les détenus d’Oukacha lui donnent raison. Ils décrivent les cellules où ils sont incarcérés, comme des tombes où il n’y a ni eau ni électricité. Ils pointent aussi les geôliers qui auraient souvent recours à la torture et à l’humiliation des prisonniers. Des accusations graves qui doivent être tirées au clair. « C’est ce par quoi devra commencer le ministre de la justice, Abdelouahed Radi », martèlent certains détenus.

L’OMP avait déjà demandé la création d’une instance nationale indépendante de contrôle des établissements pénitentiaires. Mais sa demande est restée sans suite. Le département de la Justice dont relèvent les prisons semble avoir d’autres priorités.

Le ministre de la justice, Abdelouahed Radi, a réclamé dernièrement 1,2 milliard de dirhams supplémentaires pour construire plus de prisons dotées de cellules un peu moins étriquées.

Seulement, construire une vingtaine de nouvelles prisons, ne résout pas le problème de la soixantaine existante où les suicides sont légion. Le dernier en date est survenu le lundi 14 janvier dans la cellule 235 de la prison centrale de Kénitra. Dans l’indifférence générale, cette série noire risque de continuer.

Mohamed Zainabi
Source: Le Reporter

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