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Kénitra/Effondrement: Le chantier avait été contrôlé 3 fois en 6 mois!

Hier matin, les différents services de secours continuaient de fouiller les décombres de l’immeuble qui s’est effondré mercredi, dans le quartier de Hay Oulad Wajih, à Kénitra (cf.www.leconomiste.com).

Le dernier bilan s’est alourdi à 16 morts et 26 blessés. Devant l’ampleur des dégâts, les autorités ont mis sur pied une commission d’enquête, pour tenter de déterminer les causes de cette tragédie. Formée de la direction générale de l’urbanisme du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme et de l’inspection générale du ministère de l’Intérieur, l’équipe s’est déjà mise au travail.

«Pour l’instant, on ne peut qu’émettre des hypothèses», prévient Adib Alaoui, directeur de l’urbanisme au ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme. «Ce pourrait être un problème avec le sol, les matériaux ou les méthodes de travail». À première vue, il se pourrait que le décoffrage ait été fait trop rapidement. «Le béton était toujours frais hier après-midi», note Alaoui. L’effondrement s’est effectué au moment où les ouvriers coulaient la troisième dalle. «Tout s’est ensuite écroulé comme un château de cartes». Le chantier du centre commercial Al Manal avait pourtant reçu trois visites de la commission de contrôle depuis son ouverture, il y a six mois. «Les rapports d’inspection ne faisaient mention d’aucune anomalie», indique Alaoui, qui promet cependant que tous les documents seront scrutés à la loupe. Les études qui ont mené à l’ouverture à l’urbanisation de la zone seront également examinées de nouveau. «C’est scandaleux. Il faut absolument que ce drame provoque une prise de conscience chez chacun des intervenants du milieu», espère Alaoui.

Sur le terrain, les avis diffèrent. Certains promoteurs privés estiment que les mécanismes de contrôle de conformité sont efficaces, mais de nombreux ingénieurs déplorent leur laxisme. Pour Mohamed Yassir Berrada, de l’Association marocaine du conseil et de l’ingénierie de Casablanca-centre, «il y a un chaînon manquant dans le processus de conformité des travaux». Selon lui, un constructeur dont le chantier n’est pas conforme devrait faire l’objet d’un procès-verbal, illico. Mais pour un autre promoteur immobilier, «il s’agit d’un problème isolé». «Les bureaux de contrôle ne peuvent pas prendre le risque de passer des défaillances sous silence. Les effondrements d’immeubles neufs sont extrêmement rares au Maroc».

Théorie et pratique
Architectes et promoteurs doivent obtenir une panoplie de permis avant de construire, mais qu’en est-il du suivi?
La commune, l’agence urbaine, la wilaya et la préfecture accordent un premier feu vert au projet déposé par l’architecte. Un accord de principe est ensuite signé, et l’étude technique peut commencer. Un bureau d’études verrouille le projet et s’assure qu’il respecte tous les règlements, notamment ceux qui traitent des précautions parasismiques. Les documents sont alors soumis à la municipalité, qui les fait aussi vérifier par un bureau de contrôle engagé par le promoteur. Le tout validé, les travaux peuvent commencer. C’est dans le suivi que le bât blesse. Car si les entreprises publiques sont soumises au contrôle de vérificateurs agréés par l’État, ce n’est pas le cas des privées. Celles-ci ne sont exposées qu’aux visites de commissions de contrôle, constituées de membres des autorités locales.

Marie-Hélène Giguère
Source: L'Economiste

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