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Justice : Pourquoi Christophe Curutchet lance un appel à SM le Roi Mohammed VI

«L’affaire Curutchet», jeune (36 ans) directeur salarié de la société STE à Casablanca, spécialisée dans l’import-export, semble prendre une tournure politico-médiatique qui pourrait mettre à nu (une fois de plus) le système judiciaire marocain. Condamné pour trafic de drogue, il ne cesse de clamer son innocence avec comme seuls soutiens sa famille et ses amis en France. Jeudi 10 Janvier, ils ont organisé une manifestation devant l'ambassade du Maroc à Paris pour attirer l'attention des autorités marocaines. Retour sur une étrange affaire.

Condamné à 10 années de prison par le tribunal de Tanger, peine réduite à 8 années en appel, pour trafic de stupéfiants, suite à la découverte, en septembre 2006, de 1,4 tonnes de haschich (l’équivalent d’environ 10 millions d’euros) dans un container de marchandises transporté par sa compagnie entre Casablanca et Tanger. La marchandise (textile) était destinée à l’entreprise Chantel, et l’expéditeur n'est autre que la société marocaine Atma dont le propriétaire est le fils de l’ancien ambassadeur du Maroc auprès de l'ONU, monsieur Ahmed Senoussi.

Incarcéré depuis 16 mois, dans un premier temps à la prison de Tanger puis ensuite à la prison de Mohammedia (lieu de son domicile), Christophe Curutchet ne cesse de crier, scander à perte de voix son innocence: «Je suis victime d’une machination orchestré par un réseau de mafieux. Au début, on nous a conseillé de faire confiance à la justice ou encore de ne pas communiquer. Aujourd’hui, force est de reconnaître que la justice n’a pas évolué sur ses positions et que je croule en prison pour des faits que je n’ai pas commis. Se retrouver derrière les barreaux au nom de mon statut au sein de l’entreprise, sans preuve aucune, sur simple décision judiciaire car je n’ai pas pu prouvé mon innocence. Quelle innocence ? Quelle culpabilité ? Je n’ai rien à voir, ni de près, ni de loin, avec cette machination», précise Christophe Curutchet lors de notre entretien téléphonique.

«Mon client a été condamné à une peine très lourde alors que la justice n’a aucune preuve contre lui. De quoi l’accuse-t-on ? De trafic de drogue ? Pourquoi l’expéditeur et le destinataire n’ont même pas été entendus ? Comment se fait-il que la justice n’a pas approfondi l’enquête sur la disparition du disque, obligatoire, pour tout transporteur ? Le chauffeur ayant déclaré sa… perte. Au rayon des témoignages, aucun ne met en cause Christophe Curutchet, qui avait redoublé de vigilance quant à d’éventuelles mésaventures de ce genre. Malheureusement, cela n’a pas suffit. C’est une catastrophe. C’est la vie et le destin d’un homme qui est en jeu», déclare maître Ziane, l’avocat de la défense.

«On n’a jamais demandé à Christophe, par exemple, qui lui aurait fourni la drogue ? Pourquoi des contacts n’ont pas été pris avec Interpol ? Le Maroc et la France entretiennent des relations très étroites au niveau de la coopération judiciaire. Dès lors, les autorités judiciaires auraient pu diligenter une enquête en toute discrétion afin de faire toute la lumière sur les acteurs du trafic. De plus, pourquoi autant de discrétion sur ce dossier ? Cherche-t-on à couvrir une personne, un groupe d’individus ?» indique un proche de Christophe Curutchet.

Quelques faits révèlent les lacunes lors du jugement :
- Disparition du rapport d’activité lors de la journée de «chargement» du container : l’entreprise de gardiennage aurait déclaré que des policiers auraient réclamés les notes; des notes qui sont introuvables aujourd’hui,
- Un disque qui disparaît dans la nature et un chauffeur libéré en première instance,
- Des acteurs incontournables comme l’expéditeur et le destinataire non entendus,
- Trois manutentionnaires qui ont écopés de 4 ans de prison et un homme privé, lui aussi, de liberté, pour des motifs relativement légers (contrairement à la peine).

«Seule Sa Majesté le Roi Mohammed VI peut me sortir de cette impasse. Mon unique alternative, c’est la grâce royale. Il a ma vie entre ses mains. Ma famille, mes amis, me soutiennent. Les médias français se font l’écho de mon histoire, mais je souhaite par-dessus tout recouvrer ma liberté en prouvant mon innocence. Un transfert en France ? Pas question. Cela voudrait dire que je suis un trafiquant de drogue. Je me battrai jusqu’au bout, je ne lâcherai rien tant que la vie me le permettra. Majesté, je suis innocent ! » ajoute-t-il du fond de sa cellule, d’une voix faible dû à sa grève de la faim entamée il y a une quinzaine de jours.

Site de l'association de soutien à Christophe Curutchet

Rachid Hallaouy
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