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Une pénurie d'eau se profile à l'horizon 2050 en Méditerranée

Ces dernières années, les climatologues parlent du risque de stress hydrique encouru par notre pays à l'horizon 2025. Plus encore, le Maroc risque de souffrir une pénurie d'eau d'ici 2050.

«Le Maroc a connu une forte baisse de ses ressources en eau ces dernières années. On devradonc redoubler d'efforts pour éviter le pire», indique Jean Margat, vice-président du Plan Bleu, un centre de réflexion relevant du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), lors de la présentation à Rabat d'une étude prospective du devenir du bassin méditerranéen à l'horizon 2025.

D'après les projections du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC), la Méditerranée sera la région la plus vulnérable et la crise de l'eau est inéluctable. Du coup, il faut que les politiques réfléchissent dès maintenant à une stratégie de développement durable qui consiste à la mise en place d'une gestion par la demande. «Dans ce domaine, le scénario de développement durable est réalisable, mais il nécessite un changement de mentalité. Il n'est plus question de continuer à fonctionner comme si rien ne se passe. Pour l'avenir, il va falloir choisir entre la tendance du laisser-faire ou la gestion volontaire.

Il est moins cher de récupérer l'eau par une meilleure gestion de la demande que de développer l'eau par l'offre : barrages, pompage, dessalement», ajoute J. Margat. Ces problèmes du Sud commencent aussi à se faire sentir dans le Nord. Ainsi en France, il y a eu signature en mars 2006 d'une charte entre la Fédération française de golf et les pouvoirs publics pour réduire d'un tiers la consommation de l'eau. L'Italie favorisée par la baisse de sa population a commencé également sa décroissance en matière de demande d'or bleu.

D'autres solutions d'économie d'eau existent telles que la récupération des eaux de pluies. En Allemagne, par exemple, les eaux de pluie collectées du toit de l'aéroport de Hambourg sont stockées dans une citerne souterraine et alimentent toutes les toilettes de cet aéroport ce qui permet une économie annuelle de 22.000 euros. Des centres commerciaux font également recours à cette technique pour refroidir le système de climatisation et lutter contre les incendies. Par ailleurs, au Stade Olympia de Berlin, l'eau de pluie qui s'abat sur le stade se déverse, en grande partie, de son toit à surface ondulée, vers un réservoir souterrain ; elle est utilisée pour l'irrigation des pelouses et des espaces verts environnants.
Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), les surfaces irriguées pourraient augmenter de 38% au Sud d'ici à 2030. En attendant cette échéance, l'Egypte a pris déjà les devants et utilise deux à trois fois l'eau du Nil.

Mais la vraie solution pourrait venir du retraitement des eaux usées pour l'irrigation comme le fait actuellement la Tunisie. Dans ce sens, un projet pilote de la gestion durable de l'eau domestique avec séparation des eaux grises (vaisselle, douche, bain) de celles noires (toilettes) est réalisé à «El Attaouia», ville située à 20 km de «Kalâat Sraghna» par l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II (IAV) de Rabat.

Cet effort doit être également accompagné par la conversion des agriculteurs aux nouvelles techniques d'irrigation. C'est dans ce contexte que l'Association nationale des améliorations foncières de l'irrigation, du drainage et de l'environnement (ANAFIDE) en collaboration avec la FAO et le Programme international pour la technologie et la recherche en irrigation et en drainage (IPTRID), organise à partir du 4 février 2008, une conférence électronique sous le thème «Economie d'eau en irrigation». Ce forum qui se déroulera sur le site du Centre d'information sur l'eau agricole et ses usages (CISEAU, www.ciseau.org) doit durer cinq semaines et sera l'occasion d'engager un vaste débat sur un sujet d'actualité et d'une importance capitale pour le Royaume.

Il permettra ainsi de faire connaître davantage, à l'échelle internationale, les réalisations du pays en matière de rationalisation de la gestion des ressources en eau à usage agricole, et d'échanger les expériences dans ce domaine avec les autres pays, mais aussi entre les nombreuses structures nationales concernées par ce sujet.
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Un centre virtuel de l'eau agricole
Le centre virtuel de l'eau agricole est une initiative innovante de partage d'expériences et de mise en réseau de connaissances pour une gestion durable des périmètres agricoles aménagés.

Démarré en octobre 2004, pour une durée de deux ans sur financement français, la première phase du projet est mise en œuvre par le secrétariat du Programme international pour la technologie et la recherche en irrigation et en drainage (IPTRID), hébergé par la FAO au sein de sa division de mise en valeur des terres et des eaux, à Rome. Le projet vise à apprécier l'apport des nouvelles technologies dans la mise à disposition, la diffusion et l'appropriation de connaissances sur les interactions entre l'utilisation de la ressource en eau et en sol par l'agriculture et son environnement.

Ce programme scientifique vise également l'amélioration de l'échange d'information entre professionnels du développement rural, par l'animation d'un réseau de partenaires pour une meilleure agriculture irriguée. Cette plateforme d'information est un moyen de capitalisation d'expérience et de partage de savoir-faire. La connaissance, les données sur les projets et les résultats de recherche qui ont servi à bâtir l'information présentée sur cette plateforme ont été fournies par les partenaires du projet, exclusivement des pays du Sud. Les pays cibles de la phase pilote sont répartis dans deux régions de l'Afrique francophone : Afrique du Nord (Maroc et Tunisie), Afrique de l'Ouest (Burkina Faso, Mali, Niger et Sénégal).

Rachid Tarik
Source: Le Matin

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