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Maroc : la pauvreté gagne du terrain

Au Maroc, la lutte contre la pauvreté est désormais un combat de tous les jours. Cet objectif figure en première place dans tous les programmes nationaux (notamment la Stratégie 2020 de développement rural) comme dans ceux de la Banque mondiale (Objectifs du millénaire à l’horizon 2015).

Avant d’en arriver là, il fallait réussir à lever un tabou : parler ouvertement de la pauvreté et rendre publiques les statistiques. C’est désormais chose faite(*).

Toutes les données disponibles indiquent que la pauvreté s’est aggravée dans le royaume au cours de la dernière décennie. D’abord, en raison d’une sécheresse persistante (qui réduit les revenus agricoles), mais aussi, souligne la Banque mondiale, de l’accroissement des inégalités : distribution inéquitable des ressources nationales, accès à l’emploi plus difficile pour les pauvres. Selon l’institution financière, la « pauvreté économique » frappe aujourd’hui 44 % de la population dite vulnérable soit 12 millions de personnes), contre 35 % il y a dix ans (9 millions).

Par « vulnérable », il faut entendre les Marocains vivant en dessous ou juste au-dessus du seuil de pauvreté. Le seuil de pauvreté est le niveau de revenu permettant aux ménages de subvenir à leurs besoins alimentaires minimaux (2 400 k/cal par jour et par personne) et d’assurer quelques dépenses non alimentaires (habillement, santé, logement). C’est ce qu’on appelle la « pauvreté relative ». Celle-ci frappait 13 % de la population en 1991 et 19 % en 1999 (l’augmentation est plus sensible dans les zones rurales).

Au-delà de ce seuil de pauvreté relative, on distingue encore trois niveaux de pauvreté :

• La pauvreté absolue : les ménages consacrent la totalité de leurs ressources à la nourriture. Un Marocain sur dix est dans ce cas.

• La pauvreté alimentaire : les ménages ne disposent pas du minimum alimentaire. 3,3 % des Marocains sont dans ce cas, trois fois plus qu’en 1991.

• La pauvreté monétaire : c’est le « standard international » fixé par la Banque mondiale : moins de 1 dollar par jour et par personne. Là aussi, la proportion a doublé, passant de 0,8 % de la population en 1991 à 2 % aujourd’hui.

Que peut faire le gouvernement marocain pour remédier à cette situation dramatique ? D’abord, développer l’investissement public en faveur des populations défavorisées, puis accroître le pouvoir d’achat des agriculteurs et des éleveurs, diversifier les sources de

revenu en milieu rural, construire de nouvelles routes, améliorer les services publics (électricité, santé), etc. Vaste programme !


* Tableau de bord social, ministère des Finances et de la Privatisation, Direction de la politique économique générale, décembre 2003.

Morocco : Poverty Update, deux volumes, 129 pages, mars 2001.

Samir Gharbi
Source : Jeune Afrique

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