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La police marocaine s’exprime sur le Net

«Nous sommes des policiers marocains qui ont perdu patience devant l’humiliation, l’injustice et la marginalisation». Des policiers mécontents, il en existe beaucoup, mais pour le dire ouvertement, ils sont moins nombreux.

Depuis quelques semaines, les agents peuvent s’exprimer librement et, a priori, sans conséquences fâcheuses pour leur carrière. En effet, un site non officiel a été créé pour les policiers mécontents de leur situation professionnelle. Hébergé chez ifrance, le site est consultable sur l’adresse suivante: police-maroc.ifrance.com. Sur la page d’accueil, le visiteur peut lire qu’il s’agit «d’un espace ouvert à tous nos collègues qui ne peuvent dans le cas actuel ni s’exprimer en toute liberté, ni exposer leurs problèmes aux débats pour arriver à une entente. Et par conséquent, trouver les solutions adéquates pour résoudre tout problème».

Contactée par L’Economiste, une source à la Direction générale de la sûreté nationale indique que «l’administration centrale, qui est au courant de l’existence de ce canal informel de communication, n’a pas encore pris de décision le concernant».

Interrogés sur le sujet, quelques policiers ont nié avoir eu accès à ce site. Mais ils reconnaissent en avoir entendu parler. «Ce site n’est pas le premier en son genre. Plusieurs agents de police avaient créé leurs propres blogs sur le Net où ils évoquent leurs problèmes respectifs, mais ils ont été priés d’arrêter d’y diffuser des informations», raconte un policier de Rabat.

La création de ce site intervient juste après les protestations de certains policiers concernant les avancements et promotions pour les années 2005-2006. Rappelons que la promotion qui a concerné 8.754 agents n’a pas fait l’unanimité. Pour beaucoup d’agents, «les promotions étaient tout simplement inégalitaires, puisqu’elles ont oublié une grande majorité d’agents qui les attendaient depuis très longtemps».

Selon les créateurs, «ce site n’est en aucun cas la conséquence normale au dernier scandale de l’avancement au titre des années 2005 et 2006. Nous ne sommes pas des policiers désireux de se venger en adoptant ce moyen. Nous cherchons surtout à mieux nous faire comprendre». Pourtant, la majeure partie des «plaintes» et articles qui figurent sur ce site évoquent les derniers avancements et la grogne qui s’en est suivie.

Les créateurs du site ont préféré garder l’anonymat et le garantissent à tous leurs collègues qui consultent le site ou qui veulent y déposer un avis.

Outre la page d’accueil, le site qui est bilingue (arabe et français) est composé de plusieurs rubriques telles que l’espace presse, opinions, informations et archives. Mais toutes les rubriques ne répondent pas et certains liens renvoient à la page d’accueil de «ifrance», le serveur qui l’héberge.

Les avancements, première revendication
De tous les problèmes soulevés par ce site (corruption, mauvais traitements des agents, congé, heures supplémentaires…), les avancements pour le compte des années 2005-2006 tiennent le haut du pavé des sujets traités par les policiers mécontents.

Dans la rubrique informations, un long article est réservé au chef du service administratif et préfectoral à la préfecture de police d’Oujda. Le rédacteur de l’article qualifie ce responsable de «bouc émissaire payant les fautes de l’administration». L’article critique notamment «la décision de sanctionner le chef de service administratif de la préfecture de police d’oujda suite aux énergiques protestations des agents de police oujdis».

Naoufal Belghazi
Source: L'Economiste

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