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Immigration: des tests génétiques très polémiques

Très contesté, l'amendement déposé par Thierry Mariani autorisant le recours aux tests génétiques pour les candidats au regroupement familial soulève bien des questions.

Thierry Mariani, le député UMP du Vaucluse, s’était illustré l’an dernier en suggérant d’instituer un "dépistage" des comportements délinquants chez les enfants dès la maternelle, proposition qui a finalement été abandonnée après avoir déclenché une levée de boucliers de tous les spécialistes de l’éducation et de la santé mentale.

Le voilà aujourd’hui qui récidive, en déposant auprès de la commission des lois de l’Assemblée nationale un amendement autorisant le recours aux tests génétiques pour les candidats à l’immigration et au regroupement familial. Adopté hier, cet amendement permet de vérifier les filiations biologiques déclarées dans les formulaires de visa, en utilisant des analyses ADN, dont le coût (entre 200 et 500 euros), serait entièrement à la charge des demandeurs.

Quid des enfants adoptés ou adultérins ?
L’idée n’est pas originale: cette procédure est déjà appliquée depuis un an aux Etats-Unis ainsi qu’en Australie par les services de l’immigration. Des dizaines de sociétés privées américaines se sont spécialisées dans ce marché en pleine expansion. Les empreintes génétiques et les tests de paternité ne sont soumis outre-Atlantique à aucun contrôle scientifique ni juridique.

Il n’en va pas de même en France, où leur usage est tout simplement interdit par le code civil et par la loi bioéthique de 2004, sauf pour des raisons médicales ou dans le cadre d’une procédure judiciaire (par exemple une contestation de paternité): on ne peut officiellement y recourir que sous le contrôle d’un magistrat.

Thierry Mariani a prévu d’instituer une dérogation pour les candidats à l’immigration, mais l’interdiction serait maintenue pour les Français, ce qui laisse songeur. Les opposants à cette mesure, y compris au sein de l’UMP, soulèvent bien d’autres questions: quid des enfants adoptés, ou adultérins, dont le profil biologique ne correspond pas à celui de leurs parents? Qui garantira la fiabilité des tests? Comment les étrangers pourront-ils y accéder dans leur pays d’origine alors que tous les laboratoires sont situés aux Etats-Unis et en Europe? Qu’adviendra-t-il des dossiers des demandeurs qui refuseront le prélèvement, alors que celui-ci ne devrait pas être rendu obligatoire? Et qui pourra garantir que, demain, ce genre de procédure ne sera pas étendu aux citoyens français pour toutes sortes de démarches administratives comme les demandes d’allocations familiales ou la sécurité sociale?

Source: L'Express

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