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Zoo de Témara: Des rumeurs qui font peur

Alors que le projet touristico-immobilier de 50 ha, situé sur le site de l’actuel zoo de Témara, dans la banlieue de Rabat, devait entrer en opération après la création d’un nouveau zoo à proximité du complexe sportif Moulay Abdallah et le transfert des animaux dans des conditions acceptables. Des rumeurs courent que le zoo de Témara va être fermé et que les travaux sur une partie de l’espace allait démarrer incessamment et ceci avant toute construction du nouveau zoo.

Il serait scandaleux d’admettre cette approche. Les animaux (actuellement le zoo abrite une faune riche qui compte 140 fauves et plus de 2.000 animaux et espèces d’oiseaux), loin des regards, peuvent vite devenir un fardeau pour les promoteurs immobiliers. Il est impératif d’abord de construire le nouveau zoo selon les règles modernes et environnementales respectant la faune et ensuite, après transfert des animaux dans le nouvel espace, de faire le projet immobilier.

C’est seulement ainsi que le nouveau zoo permettra le développement du patrimoine animalier, premier objectif de ce projet. Son accès devra être facilité par un transport en commun adapté car c’est l’endroit le plus propice pour éduquer et sensibiliser les jeunes de notre pays à l’environnement, à la biodiversité et au respect de la nature. Le zoo de Témara était sans aucun doute, avec près de 600.000 visiteurs certaines années, le lieu le plus visité au Maroc. Mais c’est aussi un espace fragile et qui demande beaucoup d’attention puisqu’il regroupe des spécimens rares, qui ont pu être sauvé de l’extinction grâce au zoo justement dont une des vocations est de réintroduire dans la nature des espèces disparues.

Le Maroc est un pays réputé pour la biodiversité de sa faune. Une faune sauvage et fascinante mais également menacée. Des espèces uniques tendent à disparaître sous la pression de l’homme qui chasse et détruit son habitat naturel. Ce phénomène soulève une inquiétude internationale. Le Maroc fait partie des premiers pays signataires de la convention CITES sur le commerce international des espèces sauvages menacées (faune et flore) - convention signée par le Maroc le 16 octobre 1975. De nombreuses ONG militent et travaillent pour la protection et éventuellement la réintroduction de ces espèces.

Le zoo, en général, est souvent au centre de tels programmes puisqu’il a la possibilité d’aider à la reproduction en captivité d’espèces disparues ou très menacées. Plusieurs d’entre elles, classées sur la liste rouge, se trouvent au Maroc: l’ibis chauve, le lion de l’Atlas, le phoque moine, le fennec, le vautour chauve…
Le zoo de Témara s’est distingué par des naissances d’espèces très rares et que de nombreux zoo n’ont jamais réussi à obtenir. Il s’agit notamment du vautour chauve, du fennec et du lycaon (proche de la hyène) et il avait même était choisi par l’association britannique Wildlink International pour le programme de réintroduction du lion de l’Atlas.
Notre pays se doit de préserver le seul grand zoo (de petits zoo existent à Casablanca, Agadir et Ouarzazate, et il faudrait penser à les développer aussi) car c’est un véritable patrimoine qui participe activement à la conservation de notre biodiversité. Les projets immobiliers, aussi importants soient-ils, ne doivent pas compromettre de tels espaces nécessaires pour l’éducation et la sensibilisation au développement durable dans notre pays.

Source : L'Economiste

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