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Travail social: Enfin un cursus universitaire!

LS sont de plus en plus nombreux à travailler dans «le social», comme on dit. Le métier est apparu, il y a moins d’une décennie, parallèlement au développement de la société civile et à la professionnalisation de l’action sociale, qui est passée de la traditionnelle vision caritative au projet de développement durable. L’apprentissage est souvent très long, sur le tas, et les compétences rares. 2008 verra enfin la première promotion de lauréats formés aux métiers du travail social.

L’Initiative est annoncée aujourd’hui par Driss Jettou à Kénitra et vise un effectif global de 10.000 lauréats à l’horizon 2012. Le projet est mené conjointement par le ministère de l’Education nationale, du ministère du Développement social et du secrétariat d’Etat chargé de la Formation professionnelle. Assistance, insertion de personnes vulnérables ou à besoins spécifiques, lutte contre la pauvreté, l’exclusion, animation socioculturel... Les chantiers sont immenses.

Il aura fallu l’émergence d’une politique sociale gouvernementale avec l’avènement de l’INDH et la volonté manifeste au plus haut niveau de l’Etat, avec le discours royal en 2005, pour aboutir enfin à un schéma national de formation en ingénierie sociale. Le gouvernement s’étant contenté jusqu’alors, dans le domaine, d’une vague formation d’assistantes sociales. Deux niveaux de formation sont prévus. Un cursus universitaire, avec une licence professionnelle qui a fait l’objet de concertations entre les départements de Harouchi et El Malki. Profils répondant aux métiers ciblés, compétences à développer…

Dans une première phase, six profils ont été retenus: Agent de développement social, gestionnaire d’établissement à caractère social, médiateur, animateur socioculturel, assistant social et enfin éducateur spécialisé. Des métiers jusqu’alors quasi inconnus chez nous. Les débouchés ne manquent pourtant pas. Le gisement d’emplois est considérable entre l’INDH, les centres de protection sociale, les ministères, les agences de développement social, les ONG… Tous sont demandeurs. Hakima Himmich, présidente de l’ALCS, applaudie l’initiative des deux mains: «Nous avons toujours eu beaucoup de mal à trouver ce genre de profils», affirme-t-elle. Il est vrai que beaucoup sont obligés d’aller chercher les compétences ailleurs. Conception de projets de développement, rapports d’évaluation qualitatifs et indicateurs de suivi, formation, counseilling… autant de savoir-faire qui font défaut au travail social.
Le programme gouvernemental a donc été soigneusement étudié sur la base de documents élaborés par un comité comptant une quarantaine de spécialistes. Quelque 70 projets de filières sont proposés par les universités et sont actuellement en cours d’accréditation pour démarrer l’année universitaire 2007/2008. Le second niveau est conçu par le secrétariat d’Etat chargé de la Formation professionnelle et le ministère du Développement social. Objectif: former des aides-sociaux et des agents socio-éducatifs.

L’Initiative arrive à point nommé, le Maroc accusant un retard certain. Une étude menée par l’Unicef signale en effet que les besoins en travailleurs sociaux seraient de 30.000 personnes. Autant dire que la prochaine promotion ne chômera pas.


Quelles compétences pour quel profil?

LES nouvelles formations abordent des métiers nouveaux qui, même si dans certains cas étaient exercés par la force des choses au gre des expériences, avaient besoin d’être codifiés. Un savoir, un savoir-être et un savoir-faire à apprendre. Monter un projet de développement local, accompagner les acteurs et évaluer les actions, ce sera la tâche de l’agent de développement social. L’assistant social, quant à lui, voit son profil redessiné. Il devra aider à la création des conditions pour que les personnes, les familles ou les communautés avec lesquelles il travaille, aient les moyens d’être «acteurs de leur développement» et non plus des «assistés» comme c’est le cas aujourd’hui. L’éducateur spécialisé sera formé pour apporter un soutien à l’éducation de personnes déficientes physiques psychiques ou présentant des troubles comportementaux. Aider en somme à la réinsertion, la restauration ou la préservation de l’autonomie des individus. Autre profil: le médiateur social, qui devra établir des programmes d’accompagnement à l’école ou dans l’entreprise, réguler les tensions et résoudre les litiges au sein des groupes agissant en passerelle entre les antagonistes.

Amine BOUSHABA

Source: L'Economiste

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