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Huelva- Les travailleuses marocaines appréciées

94% des femmes marocaines employées dans les campagnes agricoles de Huelva, en Andalousie, retourneront au pays à de la fin de la récolte, d’après les prévisions d’Aeneas-Cartaya, programme de gestion éthique de l’immigration.

En 2005, 10% seulement de ces travailleuses ont regagné le pays, contre 50% en 2006. La tendance est donc très encourageante pour les agriculteurs de Huelva.

A l’origine de ce changement, la méthode de sélection. Les 4632 personnes ont été embauchées à travers un accord signé en septembre 2006 entre l’ANAPEC et la mairie de Cartaya. Les principaux critères de sélection étaient traditionnellement la force physique et l’expérience en agriculture, cependant d’autres critères ont été pris en compte. Ainsi, la primauté est donnée aux femmes mariées et aux mères de familles, ainsi qu’aux «répétitrices» : c’est à dire les femmes ayant retourné au Maroc après avoir travaillé de manière saisonnière les fois précédentes.

Le but est de réduire au maximum les risques de se retrouver avec un nombre encore plus grand de clandestins en Espagne, la sélection a donc misé sur les attaches de ces travailleuses avec leur pays d’origine.

Elles viennent du Maroc, de Colombie, de Pologne ou de Roumanie. La nature saisonnière du travail effectué repose sur un contrat appelé «contrat en origine». Pour les agriculteurs, c’est la solution idéale. Vu que la main d’œuvre locale rechigne à travailler dans certaines conditions, il est bien plus rentable d’embaucher des travailleurs étrangers qui accepteraient des rémunérations bien plus basses.

Les Roumaines constituaient la majorité de ces groupes d’immigrées. Cependant, l’adhésion de la Roumanie à l’Union Européenne a été accompagnée par des procédures administratives qui rendent difficiles leur départ pour Huelva.
Les agriculteurs ont donc été obligés de se retourner vers le Maroc.

Le nombre des jeunes marocaines employées dans la cueillette de la fraise augmente de plus en plus. Parce que le Maroc est le pays le plus proche de l’Espagne, mais aussi parce que la nouvelle méthode de sélection semble porter ses fruits. Près de 6% seulement des travailleuses ont dérogé au contrat de travail de manière injustifiée.
Tout porte à croire que la main d’œuvre marocaine dans les fraisiers d’Huelva sera très sollicitée dans les années à venir.
Ces jeunes femmes sont payées 32 euros pour une journée de travail de six heures et demi. «C’est presque dix fois plus que ce qu’elles auraient gagné au Maroc» affirme le Directeur Général de l’ANAPEC Kamal Hafid, joint par téléphone. «Ces femmes sont dans le besoin, c’est une véritable opportunité pour elles. En travaillant trois mois en Espagne, elles reviennent avec assez d’argent pour monter un petit projet, ou alors nourrir leurs familles tout simplement». Quand aux fraisiers du Maroc, Hafid ajoute qu’«il n’y a pas d’impact négatif puisqu’il ne s’agit que de quelques milliers d’agricultrices, recrutées à travers tout le Maroc».

Il n’est pas facile pour des femmes de se retrouver seules en pays étranger, sans maîtrise de la langue. L’ANAPEC a tenté de rassurer en sensibilisant ces femmes sur les conditions de départ, leurs droits, mais aussi l’obligation de retour, motivée par le statut de répétitrice qu’elles pourront obtenir après passage au consulat, une fois au Maroc.
Cela est d’autant plus intéressant qu’elles auront pris des cours d’Espagnol, administrés pendant leur séjour en Espagne.
Cette expérience peut également être enrichissante sur le plan personnel, puisque c’est la première fois que ces femmes sortent de chez elles ; «cela favorise une certaine ouverture d’esprit qui aura un impact sur toute la famille» appuie le Directeur Général de l’ANAPEC.


Salma Daki
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