Menu

L'analphabétisme encore élevé dans les zones rurales marocaines

La lutte contre l’analphabétisme s’intensifie. Hier à Rabat, Anis Birrou, secrétaire d’Etat chargé de l’Alphabétisation et de l’Education informelle a présenté les résultats de l’enquête nationale réalisée par son département sur l’analphabétisme, la non-scolarisation et la déscolarisation au Maroc.

«L’alphabétisation ressemble à une guerre non conventionnelle qui nécessite de bien connaître son ennemi pour arrêter la stratégie d’attaque à adopter», déclare Birrou. Basée sur un échantillon de 12.000 ménages, les initiateurs de ce travail cherchent à appréhender cette problématique dans ses différents aspects: social, économique et culturel. Et ce, afin de permettre la prise de décision en matière d’élaboration des plans d’actions adoptés aux besoins des populations ciblées. Premier constat, au niveau de la population âgée de 10 ans et plus, l’analphabétisme a reculé de 4,5 points par rapport aux données du recensement de 2004. En effet, le taux a passé de 43% en 2004 à 38,45% en 2006. A noter cependant que, dans la classe des personnes âgées de 15 ans et plus, ce taux est de 43% en 2006 contre 47,7% en 2004.

Pour les facteurs explicatifs, les problèmes économiques sont les premiers responsables selon l’enquête. Ils sont plus du tiers (34,3%) qui expliquent leur situation d’analphabète par la pauvreté de leurs familles et le manque de moyens. 26,5% seulement parmi eux exercent une activité professionnelle, les autres sont au chômage ou des femmes de foyers.

La campagne est plus sérieusement touchée par le fléau que la ville: le taux est de 54,39% en monde rural contre uniquement 27,23% en milieu urbain. Ils sont plus de la moitié à vivre dans des ménages dont la taille dépasse la moyenne nationale, c’est-à-dire 6 personnes ou plus. Les données de l’enquête ont permis aussi de montrer la corrélation qui existe entre l’analphabétisme et le déficit en infrastructures publiques de base. En effet, près de 20% de l’échantillon expliquent cette situation par le manque d’écoles proches de leur lieu de résidence. Et 36,7% de la population interrogée habitent dans des logements précaires, dont la moitié ne sont pas reliés au réseau d’eau potable. Par ailleurs, un tiers uniquement des foyers est connecté au réseau d’assainissement. Une partie de l’étude a été consacrée au phénomène de la non-scolarisation et de la déscolarisation des enfants pour la tranche d’âge entre 9 et 14 ans. Les premiers résultats sont: le taux de non-scolarisés est de 15%, celui des déscolarisés est de 8,9%. Pour les enfants n’ayant jamais été à l’école, il est de 6,1% dont près de 80% sont issus du milieu rural. Les causes socioculturelles ont été également identifiées par l’enquête. Elles sont pour plus de 35% dont la grande partie revient à la décision des parents et 6,8% à cause du poids des traditions. Enfin, selon Birrou, ce genre d’enquête, dont le coût s’élève à près de 5 millions de DH, doit être réalisé tous les 3 ans, afin d’actualiser les données sur cette problématique.

Nour Eddine El Aissi
Source: L'Economiste

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com