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les Casablancais perplexes quant aux motivations des kamikazes

La vie a repris lundi son cours normal dans la grande métropole économique du Maroc mais les Casablancais continuent de s'interroger sur les motivations des kamikazes qui se sont donnés la mort en évitant de tuer des civils.

"Je suis inquiète sans vraiment l'être. J'ai un peu peur car les kamikazes n'ont pas de cibles précises mais en même temps je me sens rassurée car ils ne voulaient tuer personne. Ils voulaient épargner la population civile", affirme Inane Haïdar, une institutrice de 28 ans, qui vient de déposer ses deux enfants à l'école italienne, non loin du Consulat américain.

Samedi à 09H05 (locales et GMT), dans le quartier chic de Gauthier, Mohamed Maha, 32 ans s'est fait exploser à 40 mètres de l'entrée du Consulat général américain.

Son frère, Omar a continué sur le boulevard Moulay Youssef, puis il a actionné sa charge devant une école américaine privée, à 150 mètres du lieu du premier attentat.

"Ils n'ont pas le profil d'islamistes barbus et on ne peut pas dire qu'ils étaient d'Al-Qaïda car cette organisation ne respecte pas la vie des gens", ajoute-t-elle.

Les deux frères, qui habitaient un quartier modeste, étaient calmes et travailleurs, ne portaient pas de barbes et n'étaient pas fichés par la police comme des jihadistes.

Loubna Bennani, 25 ans, propriétaire d'une agence immobilière dans le quartier, n'arrive pas à expliquer leur attitude. "Ils ne voulaient tuer ni des civils, ni des policiers, car le samedi matin c'est plutôt désert. Ils auraient pu trouver d'autres quartiers beaucoup plus peuplés ou venir un autre jour. Ce qu'ils voulaient reste un mystère".

La police marocaine estime qu'il s'agit "d'un acte accompli en désespoir de cause après le coup de filet réussi ces dernières semaines par la police et la traque menée par les services de sécurité pour démanteler les cellules terroristes".

Mais, pour Mohamed Darif, professeur à l'université de Mohammedia, les terroristes visaient bel et bien les intérêts américains. "Ces kamikazes ne se sont pas fait exploser dans un lieu bondé de civils mais dans une zone peu fréquentée près du Consulat général des Etats-Unis", a-t-il dit à l'AFP.

Au café Bervely, près du consulat, le gérant pense que les kamikazes "veulent créer un sentiment de danger sans vouloir toutefois tuer des gens". Il en veut pour preuve les propos qu'auraient tenus, selon lui, Omar Maha, au gardien de l'American Language Center. "Je pourrais te tuer mais je ne le ferai pas", lui aurait-il dit avant de s'éloigner pour se faire exploser.

Ce témoin, 44 ans, qui ne veut pas donner son nom, avance ce qu'il considère comme une preuve supplémentaire. En face du consulat, il y a toute la semaine, sauf le week-end, une longue file d'attente de demandeurs de visa. "Imaginez vous le massacre qu'ils auraient pu commettre", dit-il.

Casablanca, la métropole avec ses contrastes de richesses et d'extrême pauvreté, de modernisme flamboyant et de conservatisme, a retrouvé son rythme effréné lundi.

"J'espère seulement que ces actes vont inciter l'Etat à s'interroger sur les raisons qui ont poussé ces gens vers la mort. C'est le désespoir et la pauvreté", assure Mohamed, technicien dans une fonderie.

"J'ai déjà été dans le bidonville de Sidi Moumen (d'où est originaire la grande majorité des kamikazes). Ses habitants sont des gens morts et c'est donc facile d'en faire des bombes humaines", assure-t-il.

Source: AFP

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