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France 24 ouvre un nouveau canal "d'expression arabe"

Lundi 2 avril, la première chaîne française d'information internationale en continu devait ouvrir un canal en langue arabe. Lancée le 6 décembre 2006 en français et en anglais, la chaîne, détenue à parts égales par France Télévisions et TF1, veut apporter "un regard et une sensibilité française sur l'actualité mondiale".

Dans les locaux de France 24, à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), dimanche 1er avril, face à son prompteur, la Marocaine Aziza Naït Sibaha déroule son texte. Depuis un mois, le desk arabophone, composé de 22 journalistes venant de 9 pays différents, prépare à blanc l'arrivée de la chaîne sur les écrans de la planète, via le satellite, le câble et l'Internet. Mais devra se contenter, à ses débuts, d'un décrochage de quatre heures (entre 16 et 20heures).

"La difficulté est de trouver son rythme par rapport aux autres équipes qui travaillent 24 heures sur 24, explique Agnès Levallois, directrice adjointe de la rédaction chargée des programmes en arabe. Ce souci de coordination soumet la rédaction à un travail d'ajustement permanent". Compte tenu du temps d'interruption d'antenne, le premier journal diffusé à 16 heures durera deux minutes de plus que sur les autres canaux et adoptera une hiérarchie de l'information différente.

L'amplitude horaire de cinq heures entre le Maroc et Oman (actuelles limites de diffusion) pose, en outre, un problème d'audience. "Il nous faut nous adapter au "prime time" aussi bien dans les pays du Golfe que dans le Maghreb, insiste Agnès Levallois, d'où la nécessité d'atteindre douze heures de diffusion avant la fin de l'année.

" On trouvera tous les fondamentaux de la chaîne dans les quatre heures dont nous disposons, même si l'on se garde la possibilité, en cas de grosse actualité, de casser notre rythme", précise l'ancienne directrice de l'information de RMC Moyen-Orient. A ce jour, 80 % du contenu est commun aux trois éditions, l'édition arabophone disposant d'environ 20 % d'autonomie.

France 24 revendique le statut de chaîne "d'expression arabe", ce qui la différencie d'Al Jazira, qui, elle, donne un point de vue arabe sur le monde. La nuance expliquerait le succès rencontré par Alain de Pouzilhac, le président du directoire de France 24, lors d'une tournée de présentation de Casablanca à Dubaï.

"LIEN AFFECTIF"

"La perception est différente selon que l'on est au Maghreb ou dans le Golfe, explique M. de Pouzilhac. Nous avons ressenti une grande affection de la part des journalistes algériens. Il n'y a aucune amertume de leur part." Le même lien affectif n'existe pas avec les pays du Golfe. D'abord surpris par la capacité de la chaîne à avoir si rapidement émis en arabe, les leaders d'opinion rencontrés en Egypte ou dans les Emirats ont exprimé leur satisfaction à voir surgir dans leur paysage une voix alternative à celle d'Al-Jazira, "la référence dans ces pays", selon M. de Pouzilhac. Mais, là aussi, les gens veulent pouvoir disposer de "plusieurs opinions contradictoires".

L'Institut du monde arabe (IMA), à Paris, devait servir, lundi 2 avril, de tremplin au lancement de la chaîne. Au programme, des duplex dans tous les journaux et deux émissions en direct : un face-à-face entre deux journalistes confrontera les points de vue du monde arabe face à l'arrivée de France 24, et un débat sur la politique arabe de la France. Point d'orgue : une interview de Zyad Abou Amro, ministre palestinien des affaires étrangères. Pour l'heure, France 24 n'a enregistré aucune réaction de la part d'Israël.
Jean-Jacques Larrochelle

Jean-Jacques Larrochelle
Source: Le Monde

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