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Mise au point du premier cœur artificiel marocain

L’équipe du professeur Wajih Maâzouzi se distingue
Une première dans les pays émergents

Plusieurs pays développés à travers le monde, dont la médecine en général et la chirurgie cardio-vasculaire en particulier sont très avancés dans la course depuis plus d’une quarantaine d’années vers la mise au point d’un cœur artificiel, en tant que substitut thérapeutique pour plusieurs pathologies cardiaques, dont la plus importante est l’insuffisance cardiaque terminale.

Il s’agit essentiellement des USA, du Canada, du Japon, de la Grande Bretagne et de la France. Dans ce domaine éminemment médico-technologique, le Maroc, vient de rejoindre cette haute sphère de la recherche biomédicale.

Ainsi, l’équipe de la chirurgie cardio-vasculaire du Centre Hospitalier Ibn Sina, dirigée par le Professeur Wajih MAAZOUZI, vient de mettre au point, en collaboration avec des ingénieurs marocains, le premier cœur artificiel Marocain dénommé le système OCPAV 1 ou pompe cardiaque totalement implantable et ce grâce à la sponsorisation de l’OCP à travers R et D Maroc.

Un des pionniers de la chirurgie cardio-vasculaire mondiale, le docteur Sherman, résume les exploits et les victoires remportés sur les maladies du cœur par les termes suivants : « la roue du cœur n’a que deux ou trois centimètres et suit une ligne droite, mais il a fallu plus de 2400 ans à la chirurgie pour la parcourir ». Cette longue route sinueuse mais très prometteuse pour toute l’humanité a été également concluante pour la chirurgie cardio-vasculaire marocaine.

Les maladies cardio-vasculaires, en particulier l’insuffisance cardiaque sont, dans les pays occidentaux et de plus en plus dans les pays en voie de développement, la cause la plus fréquente de mortalité. En France, 10 000 à 30 000 décès par an.

Ceci en raison du nombre limité de transplantations, dû au manque de donneurs de cœur. Pour remédier à cette pénurie, sont étudies des substituts mécanique du muscle à travers le conception d’un cœur artificiel.

C’est en 1912, grâce à Alexis Carrel, prix Nobel de médecine, que commença la grande épopée du cœur artificiel qui tout recemment a permis de mettre au point des systèmes fiables et utilisables..

Après quelques projets plus au moins concluants, deux grandes familles de cœurs artificiel ont été développés dans les années 80 : les coeurs pneumatiques dont le type le plus connu est le Jarvik et les systèmes rotatifs dont le cœur rotatif du professeur Monties. D’autres systèmes d’assistance cardiaque sont en expérimentation ces dernières années.

La première implantation d’un "Jarvik 7" a eu lieu à Salt Lake City en 1982 : cela a été une étape importante dans l’avancée de la recherche artificielle

La recherche est passée par 3 générations de cœur artificiel : La 1ère génération faite de cœurs d’assez grande taille, alimentés avec de l’énergie pneumatique ou électrique, comme le Thoratec et le Novacor. Ils sont actuellement utilisés en clinique mais ne sont pas encore fiables à 100 %.

La 2ème génération est constituée de cœurs artificiels dont le moteur électrique ou électromagnétique est intra corporel. Cependant, ils n’ont pas une durée de vie très élevée. Ce type de cœur est encore en développement.

Enfin la 3ème génération concerne ce type de cœur artificiel encore au stade de de développement. Il est censé avoir une durée de vie de 10 à 15 ans. Ce sont des systèmes totalement fiables.

Par ailleurs, il faut noter que la société a encore du mal à accepter le cœurs artificiel en tant qu’alternative thérapeutique. De plus, le prix d’un cœur artificiel est encore très élevé aujourd’hui :

environ 1,5 millions de francs si l’on inclut l’installation et la surveillance d’une prothèse implantée en permanence. De plus, des problèmes d’éthique surviennent quant à l’acceptation du cœur artificiel par les patients et leur entourage. Certains chirurgiens et scientifiques pensent que l’on aura mis au point un cœur artificiel total vers 2015.

Ainsi le développement des transplantations cardiaques humaines à partir de 1968-1970 a mis en évidence la nécessité de disposer d’un cœur artificiel, soit pour permettre l’attente d’un donneur, soit en cas de phénomène de rejet de greffe, ou encore en dernier ressort en cas de chirurgie cardiaque.

Actuellement, nous sommes obligés de constater que la substitution définitive du cœur naturel par un cœur artificiel n’est pas encore envisageable. Néanmoins, plusieurs systèmes d’assistance mécaniques circulatoires sont disponibles et utilisés en pratique clinique pour le court et le moyen terme.

Le cœur artificiel est encore plus utile en tant que prothèse temporaire, employée dans l’attente d’une greffe, qui commence à être utilisée de façon durable à cause du nombre insuffisant de transplantations.

Le cœur artificiel total doit donc répondre à trois exigences : être entièrement implantable, être biocompatible et se substituer totalement au cœur artificiel, en prenant entièrement en charge la fonction des deux ventricules ; c’est à dire oxygéner le sang et le chasser vers les poumons et le reste du corps.

Il est donc possible aujourd’hui de soigner et de permettre aux malades cardiaques de retrouver une qualité de vie acceptable grâce aux différents systèmes de cœur artificiels. Leur développement n’est pas seulement freiné par des limitations technologiques mais aussi par des obstacles économiques voire même psychologiques et éthiques. Le cœur artificiel marocain est un pas de géant pour la cardiologie marocaine qui au déla des aspects technologiques, met en exergue la valeur de nos chercheurs, à fortiori lorsqu’ils oeuvrent en synergie multidisciplinaire.

Dr Anwar CHERKAOUI
Source : L'Opinion

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