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Enseignement supérieur marocian: Un horizon sans débouchés


L'après-baccalauréat constitue toujours une étape décisive dans la vie de tous les jeunes. Chaque année, des milliers de jeunes au Maroc enterrent leur vie de lycéens pour monter la première marche des amphithéâtres universitaires. Pour ceux qui décrochent le fameux sésame, ils ont le choix entre l'université ou la grande école, selon leur profil, leurs notes et aussi leurs moyens. Des étudiants inscrits à la faculté pointent du doigt certains problèmes qu'ils vivent au quotidien et sont pessimistes par rapport à leur avenir.

Depuis quelques années, la majorité de la classe moyenne se sacrifie pour assurer à ses enfants une inscription dans des écoles privées de commerce, espérant qu'ils éviteront, à l'issue de leur formation, le statut de diplômé en chômage que tout le monde colle aux bacheliers s'inscrivant en première année de fac.

D'autres parents appartenant à une classe plus défavorisée n'ont d'autre choix que d'envoyer leurs enfants pour poursuivre les études dans les universités publiques.

La plupart des lycéens ont une idée souvent floue sur la faculté, mais qui ne se précise réellement que quand ils étudient dans les amphis et avec tout l'environnement qui les entoure.

«Après l'entrée en vigueur de la réforme pédagogique de l'enseignent supérieur, plusieurs acquis ont été enregistrés en faveur de l'étudiant. A titre d'exemple, toute filière prévoit des passerelles avec d'autres filières afin de permettre à un étudiant, tout en conservant ses crédits, de se réorienter vers un autre module. L'étudiant a, de ce fait, pendant le premier semestre suffisamment le temps de décider s'il doit continuer sur le module qu'il a choisi de prime abord ou bifurquer vers un autre.», nous a confié Abdelaziz Sadok, doyen de la faculté des sciences d'Aïn Chock. Les étudiants désireux de décrocher un diplôme universitaire, ajoute-t-il, ont plusieurs conditions favorables offertes, tout en précisant que le seul impair qu'il aurait à déplorer, c'est le comportement de l'OTEM. Cette dernière est définie comme étant une représentation des étudiants affiliés à la mouvance islamiste d'Adl ou Al Ihssane qui perturbent les cours, les examens et même les esprits, surtout des nouveaux venus!

Sortir de l'ornière
Plusieurs étudiants en S1, S2 et S3 se sont plaints également de l'agissement de ce groupe extrémistes qui va jusqu'à les faire sortir de force d'un examen.

Le pessimisme persiste du côté de ces étudiants qui se retrouvent pris dans un engrenage et ne savent pas comment sortir de l'ornière.
D'un côté, ils déplorent de n'avoir pas assez de moyens pour intégrer une école privée et, de l'autre, ils estiment que la fac nécessite également des dépenses excessives.

«Entre les frais annuels (300 DH environ alloués aux manuels, 50 DH pour l'assurance) et les frais mensuels (de 7 à 15 DH le sandwich par jour et les déplacements variables pour chacun), nous nous trouvons un peu perdus. Il n'est même pas question de penser ni aux loisirs, ni même aux vêtements ! Nos parents ont déjà tellement de charges qu'il ne faut pas en rajouter», dit Omar, d'un air déprimé.

Yousra partage cet avis et souffre même encore plus du fait que c'est une jeune fille qui doit quotidiennement prendre trois bus qui lui prennent deux heures pour atteindre Hay Moulay Abdellah avec tous les désagréments de vol et de harcèlement que celaimplique.

«Ces affres je les vis chaque jour et ce qui me met encore plus le moral à zéro, c'est quand je pense que mon avenir est incertain. Supposons que je doive subir tous ses problèmes pour finalement me retrouver au chômage ! Et encore, je suis une fille qui peut finalement se marier et être une femme au foyer mais quid de mes camarades hommes ?», martèle-t-elle.

Hind, qui vient tout juste de s'inscrire à la fac cette année, n'en revient pas de ce qu'elle entend et pense bifurquer vers une école privée l'année prochaine.

«La raison principale de mon entrée à la Fac, c'est pour passer le concours de pharmacie. Mais je ne pense pas que je pourrai tenir le coup. Je me demande l'utilité d'étudier, puisqu'au bout du compte les coups de pistons viennent finalement réduire nos efforts à néant. Des concours sont vendus et achetés et tout le monde en est conscient !», clame-t-elle.

Une très grande majorité des étudiants ne voit pas d'espoir se profiler à l'horizon. D'autres, en revanche, tentent le tout pour le tout et essayent dans la mesure du possible d'accuser le coup en tenant bon jusqu'à la fin des études ! Car pensent-ils à juste titre, avec un diplôme, on peut déboucher l'horizon; mais sans diplôme on risque de broyer du noir durant toute une vie.

Meyssoune Belmaâza
Source: Al Bayane

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