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On grelotte dans les écoles d'Anfgou !

GRRRR. On grelotte dans les salles de classe du tristement célèbre village d’Anfgou. Pourtant, les 130 écoles de la région de Khénifra à laquelle appartient ce petit village reçoivent chacune une tonne et demie de bois, assure Mohammed Aderdour, directeur de l’académie de Meknès. Le budget 2007 alloué à cette académie pour sa rubrique combustibles, dont une partie de bois pour chauffer les classes, s’élève à 2,365 millions de DH, contre 2 millions en 2006.

La région de Khénifra accapare à elle seule le 1/5 de cette enveloppe, affirme la même source. Celle-ci souligne que les quantités de bois allouées sont «largement suffisantes», répondant ainsi aux allégations d’instituteurs d’Anfgou qui ne sont pas du même avis. Les quantités disponibles sont en effet jugées dérisoires, vu le froid de canard qui empêche tout le monde de travailler. De quoi démotiver élèves et instituteurs dont certains se plaignent aussi de la surcharge des classes (jusqu’à 50 élèves) et de plusieurs niveaux à enseigner à la fois… et dans le même espace. «Je vous avoue que je ne pense qu’au beau jour de ma mutation», déclare, dégoûté, un instituteur. Les derniers événements l’ont beaucoup secoué comme tout le reste de la population du village.

Anfgou aurait tant aimé sortir de l’anonymat moins tragiquement. Depuis la vague de froid qui a endeuillé des familles, le voile est donc levé sur le quotidien de ce douar qui réclame que l’on s’occupe de lui sérieusement. Ses habitants n’ont pas manqué de manifesté leur colère pour un peu plus de sollicitude. Beaucoup sont pauvres, mais aucune donnée n’est disponible pour mesurer l’ampleur du phénomène. Les conditions de vie et de travail y sont intenables, tant les infrastructures de base font cruellement défaut. Et quand elles existent, elles sont inopérantes comme cette structure de soins construite par des Asiatiques, selon une institutrice. Suite au décès de dizaines d’enfants et d’adultes (www.leconomiste.com), la région est donc sous les feux des projecteurs. Des associations humanitaires se sont mobilisées afin de convoyer à Anfgou des biens de première nécessité: denrées alimentaires, médicaments, vêtements… La Banque alimentaire avec ses 33,5 tonnes d’aliments, dont 4,5 tonnes de lait en poudre, 1.196 paires de bottes, 1.500 paires de chaussettes et 3 tonnes de vêtements neufs, a rendu le sourire aux 280 familles du douar. (www.leconomiste.com). Le Croissant Rouge a également acheminé, lundi 5 février, une aide d’une valeur de 200.000 DH composée essentiellement d’effets vestimentaires, de fauteuils roulants et de béquilles. En tout cas, ce qui est sûr pour les ONG qui distribuent elles-mêmes les vivres collectés, c’est que ces derniers arrivent à bon port. Dans la région, il se raconte que beaucoup d’autres se perdraient en cours de route.

Au-delà de ces initiatives bienfaitrices, la population d’Anfgou attend de réelles mesures pour désenclaver le village. «Les habitants se disent coupés du monde», lance Mohamed Moussaoui, délégué de l’Entraide nationale de la province de Khénifra. Les routes restent en effet impraticables, voire inaccessibles. D’ailleurs, des camions transportant les aides de la Banque alimentaire se sont embourbés plusieurs fois avant d’arriver à destination.

Les instituteurs d’Anfgou et leurs élèves auraient tant aimé voir arriver plus de bois pour chauffer les classes.

Taux de pauvreté
Quel est le taux de pauvreté à Anfgou? Difficile à savoir. A Tounfit, commune dont relève ce village et distante de 70 km, le taux de pauvreté avoisine les 40% contre une moyenne nationale de 14,2%, selon le Haut-Commissariat au plan (HCP). Rappelons que le taux de pauvreté représente le pourcentage des individus dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté relative. En 2004, ce seuil était de 1.687 DH par mois pour un ménage moyen en milieu urbain (5,6 membres) et de 1.745 DH pour un ménage moyen en milieu rural (6,4 membres).

Loubna Moussali
Source: L'Economiste

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