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Le JT d’Al Jazeera en direct de Rabat

Tous les jours, il scrute l’information pour la partager avec son équipe de journalistes. Super coach du bureau régional d’Al Jazeera à Rabat, Youssef Chouly est sur le front depuis le 17 novembre dernier, jour de lancement du JT diffusé tous les soirs aux alentours de 22 heures en direct de Rabat.

Cet ancien reporter de guerre -il a fait la Tchétchénie, l’Afghanistan, le Liban, la Palestine et bien sûr Baghdad- ne craint jamais d’aller au feu. Et son grand pari, aujourd’hui, est d’allumer le feu tous les soirs, depuis le studio clinquant de modernité que la télévision qatariote a ouvert à Rabat, avenue Ben Barka. «La vocation de ce bureau est régional. Nous devons couvrir l’actualité maghrébine et africaine. Nous nous sommes également fixé comme objectif d’être auprès des émigrés et donc dans les pays d’accueil comme la France, les Pays-Bas ou encore l’Espagne . Ils ont besoin qu’on les écoute, qu’on braque les projecteurs sur leurs problèmes, qu’on s’intéresse à leur avenir.

Il se passe des choses formidables au sein de cette communauté. Al Jazeera –Rabat est cette petite fenêtre ouverte sur ces gens. C’est aussi une passerelle entre le Maghreb et le Machrek», explique celui qui est responsable de l’information et de l’édition du Journal Télévisé diffusé en direct de la capitale du Royaume. Le défi est énorme autant que l’attente. Les responsables de cette télévision qui dérange ont bien évidemment étudié le marché maghrébin avant de s’y engouffrer. «Au Maroc, nous avons constaté un paysage médiatique et un marché prometteur et porteur. L’ouverture de ce pays est indéniable. De plus, nous avons enregistré qu’Al Jazeera a une forte audience au Maghreb et dans les pays d’accueil des émigrés maghrébins», souligne Youssef Chouly qui a fait vœu de faire commenter l’actualité du monde –et pas seulement des pays du Maghreb- chaussées de lunettes locales.

Résultat, les invités marocains défilent dans le studio r’bati d’Al Jazeera pour commenter un événement d’ici et d’ailleurs. C’est le fameux pont de communication entre le Maghreb et le Machrek auquel se réfère sans cesse ce journaliste d’origine palestinienne. «Ce sont généralement de nouveaux visages. Nous essayons de faire en sorte que ce ne soit pas toujours les mêmes, nous voulons faire découvrir de nouveaux profils et toucher toutes les catégories socioprofessionnelles, des politiques aux associatifs», souligne le responsable de l’édition maghrébine du Journal Télévisé. Al Jazeera, une tribune pour les islamistes de tous poils? Youssef Chouly balaie l’accusation d’un revers de la main. «Il arrive qu’on se trompe d’invités. Cela peut arriver à n’importe quelle télévision du monde», admet-il avant de rappeler que le tout premier invité de l’édition maghrébine du JT d’Al Jazeera ne fut autre que Larbi Messari, l’ancien ministre istiqlalien de la Communication et journaliste à jamais.

La diffusion d’un JT d’Al Jazeera en direct de Rabat ne s’est pas faite sans difficultés. De longues négociations avec les autorités marocaines ont eu raison, au final, de résistances et autres gardiens du temple qui voyaient d’un très mauvais œil l’arrivée de cette télévision au ton libre en terre marocaine. «Nous ne sommes pas ici pour créer des problèmes au Maroc. Notre travail est de couvrir l’événement et de donner, à chaque fois, deux points de vue contradictoires. Le pays qui nous accueille ne saurait être responsable des informations que nous diffusons», soutient celui qui a rejoint Al Jazeera dès sa création en 1997. Trois mois après son lancement, le JT maghrébin se porte bien merci, grâce aux 43 journalistes et techniciens qui y opèrent sans relâche. Le responsable de l’édition a des projets de développement pleins sa besace de baroudeur. La durée du journal télévisé –une heure de diffusion actuellement- doit être étendue. Le bureau régional de Rabat devra à terme accueillir les débats en direct diffusés à partir de Doha alors que Youssef Chouly pense déjà à de nouveaux locaux, à Rabat, dignes de sa télévision. «Sans parler du recrutement de professionnels. Pour qu’un tel bureau à vocation régionale puisse fonctionner à plein régime, nous avons besoin d’une centaine de personnes», précise-t-il. Cet ancien reporter de guerre qui a fait ses premières armes dans la presse écrite a déposé son baluchon, ici à Rabat, pour une nouvelle aventure. Il reconnaît volontiers inaugurer une étape nouvelle dans sa vie professionnelle. Faire travailler l’équipe et trouver des sujets qui intéressent les citoyens sont désormais son credo. Le Maroc est-il aujourd’hui un bon sujet journalistique? Youssef Chouly réfléchit 30 secondes avant de répondre. «Le Maroc est en transition. C’est une période riche en événements. Il y a une foultitude de sujets à couvrir. La région est stratégique et représente de vrais enjeux et l’Afrique est en train de se réveiller». Heureux qui comme Chouly a encore et toujours de l’ouvrage sur le métier…

Narjis Rerhaye
Source: Libération

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