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Moutons: Combien le kilo… d’ordures?

Combien êtes-vous prêts à payer pour votre mouton? 2.000, 4.000… 1 million de DH? A Casablanca, c’est bien ce que coûte l’Aïd au contribuable, et ce, uniquement pour le ramassage des ordures le jour de la fête. Ce 31 décembre promet d’être le jour le plus cher de l’année pour les communes marocaines. Tanger y consacre 360. 000 DH, Fès, 250.000 DH, Marrakech, 270.000 DH, Agadir, 63.000 DH…

Des montants qui correspondent à des tonnages d’ordures encore plus impressionnants. La métropole produit 4.500 tonnes de déchets solides le jour de l’Aïd, Tanger, 1200 tonnes, Fès et Marrakech, 900 tonnes, Agadir, 350 tonnes. A noter qu’en période normale, c’est uniquement la moitié de ces quantités qui est ramassée quotidiennement. Aussi, la masse de travail, et donc l’effort est (ou doit être) doublé au sein des services responsables.

En fait, la situation change d’une ville à l’autre, et même d’une préfecture à une autre. Cela dépend de qui gère le secteur, les sociétés privées, comme c’est le cas à Casablanca et Fès, ou la commune directement comme à Agadir et Marrakech.

Chaque intervenant se prépare à sa manière et chacun affiche des tarifs de collecte différents. Exemples: à Agadir la tarification fixée par la commune est de 180 DH, à Casa, la moyenne est de 250 DH la tonne (trois sociétés sont en exercice), à Fès les tarifs sont de 275 DH/tonne, à Tanger et à Marrakech, le coût s’élève à 300 DH/tonne. Mais la facturation n’est nullement un indice sur la qualité de la prestation car certaines intègrent des «options» comme le balayage et lavage des rues, et d’autres non.

En termes de préparation, certaines communes jouent les blasées «c’est une fête annuelle qui passe son temps pour que tout rentre dans l’ordre par la suite. Le sacrifice cause des désagréments certes, mais les habitants se sont habitués et comprennent cela», dit un élu avec nonchalance… en revendiquant l’anonymat... D’autres prestataires, notamment la commune d’Agadir et la société GMF à Fès pas aussi «je m’en foutistes» accordent une attention particulière à l’événement en doublant les tournées des éboueurs et en distribuant des sacs en plastique.

L’événement donne toutefois des sueurs froides aux délégataires dans certaines villes. «C’est sur notre action pendant de telles phases critiques que nous sommes jugés par l’autorité délégante, mais surtout par les citoyens», indique-t-on chez un opérateur. Aussi, depuis deux à trois ans, quelques sociétés prévoient des dispositifs massifs pré et post-sacrifice. A Casablanca, Sita (chargée de la collecte dans les quartiers d’Anfa et Hay Hassani) a carrément mis en place un plan d’action sur 10 jours qu’elle a présenté et validé auprès de la ville. Une organisation spéciale a été prévue à travers le déploiement de points de décharge temporels pour faciliter les opérations d’évacuation des amas d’ordures. Une manière, entre autres, de réduire le problème d’accès à des quartiers comme la médina, vu l’étroitesse et le maillage de ses rues.

En outre, la société a recours à la sous-traitance pour le transport et la location d’engin pour gérer l’assainissement à temps.
Autre volet majeur, les ressources humaines déployées. Chez Sita (qui collecte 1.400 tonnes d’ordures à elle seule le jour J), l’ensemble du personnel sera amené à travailler le jour de l’Aïd contre des primes quotidiennes de 150 DH. Deux tournées de ramassage sont prévues contrairement à d’autres villes où la décision de faire travailler le personnel le matin de l’Aïd est plus difficile à prendre. Donc une seule tournée y sera effectuée.

Mais le plus gros du programme est axé sur la communication de proximité. Banderoles, flyers, animateurs de quartiers… et même les imams dans leur prêche ont contribué à la sensibilisation. Les sociétés l’ont bien compris, il est plus question d’agir sur les comportements que sur la nature des fêtes. Des comportements qui font que les sacs en plastique distribués sont utilisés à usage domestique et personnel et que les déchets sont jetés n’importe comment sur la voie publique….

En effet, des milliers de sacs en plastique sont distribués chaque année en prévision des fêtes. Sociétés et communes se lancent dans des concours de chiffres. On parle de 80.000 sacs chez Sita à Casablanca, 60.000 sacs à Fès, 14.000 à Agadir… qui sont censés contenir des déchets biodégradables, mais le plastique, lui, polluera pendant 500 ans notre environnement avant de disparaître.

Ichrak Moubsit
Source: L'Economiste

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