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Driss Benhima s'exprime sur la pratique religieuse et la RAM

On aura tout entendu, mais pas tout compris sur la question de la pratique religieuse à la RAM. La prière reste de tout temps un sujet sensible. Il passionne surtout lorsque l’entreprise concernée n’est autre que la compagnie aérienne nationale.

En réalité, ce qui se passe à la RAM a valeur de test pour de nombreuses entreprises qui ne savent pas toujours comment gérer ce genre de situation. Que faire, en effet, lorsque des employés veulent prendre une entreprise en otage, qu’ils interrompent le travail en dehors des timings prévus par l’organisation, au motif que c’est l’heure de la prière? Dans le cas particulier de la RAM, faut-il, par exemple, prendre des risques sur les chaînes d’entretien et de réparation des avions, sachant que chaque minute est à ce niveau précieuse. Entretien avec Driss Benhima, président de la compagnie.

L’Economiste: Pourquoi cette polémique autour des salles de prière de Royal Air Maroc?
- Driss Benhima: Cette polémique, puisque vous l’appelez ainsi, ne semble exister qu’à l’extérieur de la compagnie. A ce sujet, permettez-moi de faire une remarque: contrairement aux autres établissements publics que j’ai connus, tous les évènements internes à la RAM semblent passionner l’opinion publique. La compagnie dispose ainsi de plusieurs millions de consultants spécialistes de la gestion du transport aérien et tout à fait disposés à émettre leurs remarques pertinentes et à livrer leurs précieux conseils. En fait, je peux déclarer que la RAM opère, à ma connaissance, comme toutes les administrations où le travail ne s’arrête que pour la grande prière du vendredi. Je vois mal un agent de comptoir interrompre l’enregistrement d’un vol pour accomplir ses prières quotidiennes ou un mécanicien retarder un entretien pour les mêmes raisons.

La pratique religieuse sur les lieux de travail pendant les horaires de travail est un sujet polémique récurrent…
- Il n’y a aucune loi qui régisse cette question et ce serait d’ailleurs difficile, car chaque situation de travail est un cas particulier. Compte tenu de cette lacune, les entreprises publiques ont acquis, depuis longtemps, une pratique claire sur ces questions fondées sur quelques règles simples. En premier: «faciliter au maximum l’accomplissement des devoirs religieux par le personnel dans la limite de l’intérêt du service». C’est ainsi que la RAM prend en charge le déplacement aux lieux saints pour plusieurs centaines d’agents et qu’elle dispose de salles de prière spécialement aménagées et d’Imams rémunérés. En second: la définition de l’intérêt du service, et en particulier de la sécurité, est du ressort de la hiérarchie, le recours des agents en cas de contestation s’exprimant à travers les organes usuels de concertation prévus par les textes. L’intérêt du service est toujours compris comme une contrainte qui exonère des obligations, ce cas de figure s’appliquant en particulier avec beaucoup de rigueur dès qu’il s’agit de la sécurité des passagers, mais concerne aussi le service aux clients et la défense de l’emploi à travers la productivité de l’entreprise. La RAM, par ailleurs, contribue internationalement à l’image du pays, à son prestige et à son rayonnement. Tout doit être mis en œuvre pour préserver cet aspect. L’apparence est ainsi codifiée à travers une charte de l’uniforme qui existe depuis la création de l’entreprise et que chaque agent a accepté de respecter dès son recrutement. Enfin, dernière règle: dans l’impossibilité de fixer des instructions générales, le respect de ces normes de conduite est confié à la hiérarchie directe des agents, seule à même d’apprécier la conduite à tenir dans chaque cas de figure.

Chaque hiérarchie assume ses responsabilités en gérant son service comme elle l’entend. Je n’ai pas à interférer dans ce genre de question. Mais je suis en mesure, à l’examen des réactions internes aux mesures qui ont été prises après certains incidents de cette année, de dire avec satisfaction et respect que les cadres de Royal Air Maroc savent dialoguer avec leurs équipes, trouver un équilibre, faire preuve de modération et de fermeté, quand il le faut, et se faire comprendre. Je le répète, à moins qu’on ne les crée de l’extérieur, il n’y a pas de polémiques à l’intérieur de la maison. De toute façon, vu les défis de l’open sky, toute la RAM doit se concentrer aujourd’hui sur la préservation de l’entreprise. Dépenser son énergie ailleurs pourrait compromettre l’avenir de la compagnie.

Al Jazeera: Coup de bluff?
La chaîne Al Jazeera a diffusé, dans plusieurs de ses éditions du 9 novembre 2006, un reportage comportant une déclaration donnée par une personne présentée comme étant «un employé» de Royal Air Maroc, avec visage masqué mais dont la voix n’a pas été codée. Auprès de la RAM, on estime l’avoir reconnu de manière claire et sans équivoque: il s’agirait d’un ex-employé de Royal Air Maroc qui ne fait plus partie de son personnel depuis le 2 octobre 2006.

La compagnie estime donc qu’il ne peut s’exprimer en tant qu’ «employé de Royal Air Maroc». La chaîne a ainsi été invitée à signaler, dans ses prochaines éditions, que la personne interviewée dans le reportage précité ne fait pas partie du personnel de Royal Air Maroc, qu’elle ne possédait pas la qualité de s’exprimer en tant qu’employé de la compagnie.

Source: L'Economiste

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