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Les titulaires du doctorat français interpellent Jettou

Les titulaires du doctorat français ont mis leur menace à exécution. Mercredi 1er septembre, ils ont entamé leur grève de la faim qui durera, précisent-ils, «jusqu’à satisfaction totale de leur revendications».

Dimanche 5 novembre, douze parmi les vingt grévistes de la faim ont été hospitalisés au CHU Avicenne à Rabat, à la suite de la dégradation de leur état de santé. Un cas de récidive a été enregistré dans la journée de lundi. Le bras de fer continue entre Habib Malki et les enseignants titulaires du doctorat de troisième cycle.
Le ministre opposait une fin de non recevoir à leur mouvement. Lors d’u ne conférence de presse, tenue au début du mois à Casablanca, Malki déclarait qu’il ne reconnaissait comme interlocuteur dans ce dossier que le SNE Sup.

Bras de fer
Lundi 6 novembre, le ministère diffusait un communiqué soulignant l’accord convenu avec le ministère dans cette affaire. Un accord que rejettent en bloc les grévistes. Conclu précisément le 12 octobre 2006, ce dernier exige des enseignants concernés de passer un concours comme condition à l’octroi du statut de professeur enseignant qu’ils revendiquent. Niet, répondent les enseignants diplômés des universités françaises.

«Cela équivaut à une dévaluation de notre titre, pourtant reconnu partout en Europe et dans le monde», souligne le président de l’Association marocaine des enseignants-chercheurs lauréats des universités françaises (Amecluf).

Aujourd’hui, ils défient leur ministre de tutelle. Dans un récent communiqué, ils interpellent ainsi directement le Premier ministre, auquel ils demandent la constitution d’une commission composée des cinq parties (ministères de l’Enseignement supérieur, de la Réforme du secteur public et des Finances, le Secrétariat général du gouvernement et les représentants des docteurs) pour trouver une issue au conflit qui dure depuis des années.

«Nous exigeons la régularisation définitive et équitable de la situation des enseignants titulaires du doctorat français sans la condition du concours exigée par le ministre de tutelle en garantissant leur droit à l’ancienneté depuis leur recrutement et, de fait, à la rémunération qui s’y rapporte», souligne Mahassine.

Méthodes radicales
Les membres de l’Association auraient réussi à aplanir le différent avec le SNE Sup, qui voyait d’un mauvais œil la création de l’Amecluf. Celle-ci était perçue comme un cadre indépendant d’organisation.
Le SNE Sup, offre son siège aux grévistes, précisent ces derniers. «Nous avons eu une réunion, vendredi 3 novembre, avec les membres du bureau national du SNE Sup, suivie d’autres rencontres avec les représentants des sections régionales de Rabat, Casablanca et Meknès», rappelle le président de l’Amecluf.

Rien n’ébranle donc la détermination des membres de cette association qui menacent de poursuivre la grève de la faim si leurs exigences ne sont pas satisfaites. Parmi elles, celles appelant le Premier ministre à faire l’annonce solennelle devant les médias de la décision de résoudre définitivement ce dossier.

Les protestataires disent aujourd’hui leur «indignation» et «colère» face à l’attitude de leur ministre de tutelle. «Nous dénonçons la politique de gain du temps et de désengagement dont fait montre le ministre», déclare Mahassine.

Le président de l’Amecluf précise qu’un début de solution avait été trouvé à ce dossier du temps de l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur Khalid Alioua, l’autre socialiste, avant qu’il ne soit renié par son successeur. Malki continue de considérer le SNE Sup comme unique interlocuteur dans ce dossier.

Les grévistes continuent leur mouvement inédit. C’est la première fois que des enseignants universitaires adoptent ces méthodes radicales de protestation. Mahassine n’hésite pas à en faire porter l’entière responsabilité au ministre Malki.

Du diplôme au salaire
ILS sont quelque 1.800 détenteurs du doctorat français la période allant de 1984 à 1997 à s’être vu refuser le grade de professeur enseignant dans les différentes universités de leur affectation. Ils devaient se contenter du statut de professeur assistant, qui les met, de fait, en situation d’infériorité par rapport à d’autres enseignants, issus des universités marocaines et étrangères.
Le ministère ne reconnaît pas l’équivalence avec le doctorat d’Etat marocain à un diplôme conçu dans le cadre de la réforme universitaire en France. Les titulaires opposent l’argument selon lequel les guide international des équivalences plaçait en tête du classement, en 1997, le doctorat français. «Ce dernier n’a pu être déclassé qu’en 2003 pour occuper la deuxième place après le doctorat allemand», précise le président de l’Amecluf, Mohamed Mahassine. Mais il n’était pas équivalent au doctorat d’Etat.

Les détenteurs du diplôme français ressentent ainsi de l’«injustice» à percevoir un salaire amputé du tiers par rapport à leurs collègues issus des universités marocaines, canadiennes ou autres.

Jihad Rizk
Source: L'Economiste

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