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Lutte contre la violence envers les enfants marocains

3.000 enfants ont été assassinés à travers le monde, selon une estimation de l’Organisation Mondiale de la Santé en 2002. 150 millions de filles et 73 millions de garçons ont été, au cours de la même année, victimes d’abus sexuels. Selon l’Organisation Internationale du Travail, 1,8 million d’enfants ont été soumis, en 2004, à la prostitution et pornographie.

Ils sont 218 millions d’enfants qui sont dans l’obligation de travailleur, d’après le même organisme, dont 126 millions dans des travaux dangereux. 5,7 millions d’enfants sont esclaves ou forcés à travailler. 275 millions d’enfants sont témoins, chaque année, d’actes de violence au foyer.

Ces chiffres, non-exhaustifs, révélés par une étude présentée le 11 octobre par le Secrétaire général des Nations Unies à l’Assemblée générale, ont de quoi faire peur. Ce triste phénomène n’épargne aucune région du monde, aucune ethnie, aucune classe sociale. La violence à l’égard des enfants demeure souvent peu visible, parce que à la fois acceptée et cachée, non signalée et donc insuffisamment recensée.

Quelle évaluation quantitative de la violence envers les enfants au Maroc ?

L’étude analytique réalisée par le Ministère de la Justice en partenariat avec l’UNICEF est particulièrement pauvre à ce sujet. Dans un résumé de la version préliminaire de ladite étude, il est clairement précisé qu’ «il n’existe aucun document qui analyse la violence à l’encontre des enfants de manière générale et globale. Parcellaires et sectorielles, les études existantes ne reflètent pas l’ampleur réelle des violences subies par les enfants ». La première conclusion de cette étude d’ailleurs est que « l’incidence réelle et l’évolution des différentes formes de violence à l’égard des enfants est très mal connue».

D’abord la définition du Comité des droits de l’enfant des Nations Unies de la violence à l’égard des enfants. Celle-ci « inclut toutes les formes de violences physiques ou mentales, blessures ou abus, abandons ou négligences, incluant les abus sexuels, les brimades à l’école et les punitions corporelles ».

Ce qui rend la lutte contre cette violence d’autant plus difficile, est le fait que cette «violence est souvent acceptée et approuvée socialement. Elle est considérée dans plusieurs pays comme une pratique de discipline et un moyen d’éducation de l’enfant et de préparation à la vie d’adulte», explique Mme Maie Ayoub Von Kohl, représentante de l’UNICEF au Maroc. C’est cette fausse évidence socialement admise que vient remettre en cause le principal message de l’étude de l’ONU sur la violence à l’égard des enfants. «Aucune violence à l’égard des enfants ne peut être justifiée et toute violence peut être évitée. Plus aucune excuse», a martelé Mme Von Kohl lors de la présentation des programmes nationaux en matière de prévention et de lutte contre la violence à l’égard des enfants, récemment à Rabat.

Il est donc nécessaire de se donner les moyens d’inverser la tendance actuelle au Maroc dénoncée par la troisième conclusion de l’étude analytique sur la violence à l’égard des enfants : «Il semblerait que la majorité des services et actes de maltraitance soient commis en toute impunité».

Pour ce faire, «le Secrétariat d’Etat chargé de la Famille, de l’Enfance et des Personnes handicapées a entamé la création d’unités de protection de l’enfance dans les villes de Casablanca, Tanger, Fès, Marrakech, Agadir et Laâyoune. Ces unités, nouvel outil institutionnel pour défendre les droits de l’enfant suivant une approche environnementale privilégiant la proximité, sont destinées à combler le déficit existant à ce niveau (...) à travers la coordination entre les différents intervenants locaux, l’observation du phénomène et de ses conséquences, l’offre de services d’écoute, de conseil juridique, de soutien psychologique et d’accompagnement, outre la diffusion de la culture des droits de l’enfant», a déclaré Mme Yasmina Baddou, Secrétaire d’Etat chargée de la Famille, de l’Enfance et des Personnes handicapées.

Dans l’objectif d’un «Maroc digne de ses enfants» à l’horizon 2015, le département précité a élaboré un plan d’action national de l’enfance étalé sur une décennie et qui s’inscrit dans le cadre de la politique nationale de lutte contre la violence à l’égard des enfants.

Les enfants vivant dans une situation difficile étant les premiers ciblés, le projet INKAD devrait bénéficier aux filles domestiques et le projet INDIMAJ aux enfants vivant dans la rue.

Il est important de souligner à ce sujet les remarques faites par la représentation de l’UNICEF au Maroc. D’abord « l’absence d’un système de collecte d’informations et de suivi des cas de violence sur les enfants » au Maroc, ainsi que la question des «travailleurs sociaux, pivot de toute stratégie de protection des enfants, qui sont en nombre insuffisant, peu valorisés, mais, plus encore, ne disposent pas d’un staut légal».

Mais c’est d’abord au niveau des mentalités que la perception de la violence à l’égard des enfants doit changer.

Ahmed Naji
Source: L'Opinion

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